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  • Victoria L.

Le scandale Cambridge Analytica

Depuis le mois de mars le réseau social Facebook se retrouve emporté dans les flots du Scandale Cambridge Analytica, mais annonce tout de même une hausse du nombre d’utilisateurs et une croissance de ses bénéfices….

Ce qu’il faut bien comprendre dans cette affaire c’est que, avant de devenir un Scandale Facebook, il s’agit avant tout d’un Scandale sur une filiale de la société londonienne « Strategic Communication Laboratories » (SCL), spécialisée dans les stratégies d’influence auprès de gouvernements et d’organisations militaires. (Cambridge Analytica fait globalement la même activité que sa maison mère sauf qu’elle s’attaque plus particulièrement au marché de la politique américaine).


Cambridge Analytica ?

En 2014, des chercheurs du Centre psychométrique de l’université de Cambridge se sont intéressés au profil psychologique d’une personne qu’ils peuvent déduire grâce à son activité sur Facebook, notamment en fonction de ce qu’il « like ». Ces derniers ont par ailleurs refusé de travailler avec Cambridge Analytica, à l’exception d’un professeur en psychologie de l’université (Dr Aleksandr Kogan) qui décide de développer sa propre application, baptisée “ThisIsYourDigitalLife”. Son principe est simple : payer des utilisateurs pour remplir des tests psychologiques en accédant à leurs données sur Facebook. Pourquoi Facebook ne réagit pas à ce pompage de données ? Car le Dr Aleksandr Kogan déclare auprès du réseau social, qu’il collecte ces données pour ses travaux de recherche, donc jusqu’ici, rien d’illégal. Sauf qu’en réalité, il revend ces données à Cambridge Analytica : plus de 50 millions de profils sont ainsi récupérés illégalement par Cambridge Analytica entre 2014 et 2015. Ce qui représente une des plus importantes collectes illégales de données dans l’histoire de Facebook. Précisons qu’il ne s’agit pas ici d’un piratage. Aleksandr Kogan a simplement profité du fonctionnement normal de Facebook à l’époque puisqu’en avril 2015, Facebook a finalement restreint l’étendue des données auxquelles les développeurs avaient accès.


Comment et pourquoi le scandale a-t-il éclaté ?

Partenaire agréé par Facebook, Cambridge analytica a pu proposer ce questionnaire aux utilisateurs du réseau social grâce à quoi elle a pu récupérer les données Facebook de toute personne répondant au questionnaire mais aussi celle des amis de ces personnes. Cela lui a permis de récupérer les données de 87 millions d’utilisateurs alors que 270.000 personnes (seulement) ont répondu au questionnaire. C’est un rapport moyen de 1 à 322 : que pour 1 personne répondant au questionnaire, l’application a accédé en moyenne aux données de 321 autres personnes. Ce qui pose problème ici, c’est d’une part la violation des données personnelles mais également l’utilisation de ces dernières. Voici ce que Christopher WylieIl, le lanceur d’alerte et ex salarié de CA a dévoilé en mars 2018, mettant le géant Facebook dans la tourmente. "Nous nous sommes servis de Facebook pour récupérer les profils de millions de personnes. Nous avons ainsi construit des modèles pour exploiter ces connaissances, et cibler leurs démons intérieurs". Il déclare aussi que CA a participé à la campagne électorale de Donald Trump en orientant les votes des électeurs. Au moment de la victoire de Trump, le patron de SLC s'était vanté d'avoir joué "un rôle déterminant dans l'identification des partisans [de Trump] et dans la persuasion des électeurs indécis pour les amener à participer au scrutin". Il ajoute même que CA a aussi joué un rôle crucial dans le vote du Brexit.


Comment le scandale Cambridge analytica est-il devenu un Scandale Facebook ?

La question se pose alors de savoir si Facebook était au courant des actions de cette société partenaire. Qu’elle l’ait été ou non, dans les deux cas son image se ternie : si Facebook savait, elle se retrouve alors complice. Mais si ce n’est pas le cas, c’est alors son système de sécurité qui est remis en question.


D’une part, on lui reproche sa négligence : En 2015 déjà une enquête du Guardian révèle que des données récoltées par Cambridge Analytica, via Facebook, auraient été mises au service de la campagne Ted Cruz, le principal rival de Donald Trump, lors des dernières primaires républicaines. À l’époque, Facebook avait demandé à Cambridge Analytica de supprimer toutes ses données sur les 50 millions de profils aspirés…sauf que l’entreprise californienne n’aurait jamais vérifié si ce fût bien le cas.

D’autre part, les utilisateurs redécouvrent ici que le modèle économique de Facebook est basé sur la vente de données à des fins marketings. En effet, Facebook exploite nos données personnelles pour faire apparaître des publicités ciblées. Par exemple si vous consultez des vols pour aller à New York, vous verrez sur Facebook des propositions d’hôtels…à New York. « La monnaie de Facebook, ce n’est pas le dollar, c’est la donnée » (Julie Gommes). Néanmoins, ces pratiques posent d’importantes questions au regard, notamment, du droit à la vie privée. Elles sont cependant explicitées dans les conditions générales avec leur « finalités », restant ainsi dans la légalité : « Avant toute collecte et utilisation de données personnelles, le responsable de traitement doit précisément annoncer aux personnes concernées ce à quoi elles vont lui servir. Ces objectifs, appelés "finalités", doivent respecter les droits et libertés des individus. » (CNIL).

Conséquences :

· Conséquences juridiques pour Cambridge Analytica

En collectant des données Facebook à l’insu des personnes participants au sondage (ou sous couvert de conditions générales discrètes), en collectant au passage les données des amis de ces personnes et en les utilisant à des fins commerciales ou politiques non mentionnées dans les « finalités de départ » Cambridge Analytica a violé les principes du « Règlement général sur la protection des données » (même s’il ne serait effectif que le 25 mai 2018). Ce dernier vise par ailleurs à remplacer « la directive sur la protection des données personnelles adoptée » en 1995 pour accroître à la fois la protection des personnes concernées par un traitement de leurs données à caractère personnel et la responsabilisation des acteurs de ce traitement. Cambridge Analytica et sa maison mère ont annoncé début mai mettre fin à toutes leurs activités et ont « mis la clé sous la porte » : « La compagnie cesse immédiatement toutes ses opérations, a-t-elle ajouté. Il a été établi qu’il n’est plus viable de continuer à opérer cette activité, ce qui n’a laissé à Cambridge Analytica aucune alternative réaliste à son placement sous administration judiciaire. »

Mark Zuckerberg a aussi été interrogé pendant une dizaine d’heures par les membres du Sénat des États-Unis et a reconnu des défaillances dans la protection des données personnelles des utilisateurs de Facebook et endossé la responsabilité. « Nous n'avons pas pris assez au sérieux notre responsabilité. C'était une grosse erreur. C'était mon erreur. » L’entreprise américaine s’est vue dans l’obligation de modifier ses conditions d’utilisation. L'affaire Facebook pourrait donner le signal à l'élaboration d'une loi fédérale s'inspirant de la nouvelle norme européenne sur la protection des données personnelles (RGPD).



Un mouvement de boycott fut lancé sur twitter contre Facebook avec l’hashtag #DeleteFacebook qui appelle les utilisateurs du réseau social à fermer leur compte…sans grande ampleur.


· Conséquences économiques

La révélation de l'affaire a fait chuter de 7 % l'action Facebook à la Bourse de New York le 19 mars… mais repart aussitôt à la hausse. De même, malgré ce scandale, la firme américaine fait un bénéfice net de 5 milliards de dollars, lors du premier trimestre 2018, en hausse de 63% sur un an. Le nombre d’utilisateurs est lui aussi en hausse : le réseau social compte 2,2 milliards d’utilisateurs mensuels, et 1,4 milliard d’utilisateurs quotidiens. Facebook annonce ainsi 1,449 milliard d’utilisateurs actifs quotidiens. Un chiffre en hausse de 3,42% par rapport au trimestre précédent.


Si Facebook se retrouve au cœur de ce scandale, il a aussi été révélé que Twitter avait aussi laissé Cambridge Analytica accéder aux données personnelles de ses utilisateurs. Toutefois, ces données n’auraient pas été utilisées à des fins politiques.



Victoria L.






Crédits images :

Chesnot – Getty https://www.franceculture.fr/emissions/lhumeur-du-matin-par-guillaume-erner/lhumeur-du-jour-par-guillaume-erner-du-jeudi-22-mars-2018

Aaron Bernstein / Reuters: https://www.latribune.fr/technos-medias/cambridge-analytica-le-scandale-de-trop-pour-facebook-774873.html

https://fr-fr.facebook.com

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