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Sarah

Lettre à la jeunesse

L’année 2016 a été soutenue et émouvante. Le monde s’est modifié dans un bruyant murmure. Une année où l’on s’est interrogé à propos de notre notion d’humanité et d’ouverture aux autres. Une année qui a remis en question notre sens morale et nos priorités. Une année de changement. Mais dans ce vacarme incessant nous avons évolué, oscillant entre notre vie légère de lycéens et notre vie un peu plus responsable de citoyens. Face aux mutations perpétuelles de la société, nous avons parfois préféré être distants pour nous protéger. Pourtant dans les moments forts nous avons vu des millions de personnes se réunir pour rire, pleurer, célébrer, manifester, et s’exprimer. Nous contemplons alors un monde qui nous semblait si fort hier et qui aujourd’hui se perturbe et devient instable. Et nous cherchons notre place dans cet univers qui nous paraît si grand et si étroit à la fois, s’interrogeant sur notre capacité à surmonter nos peurs.

Cette lettre s’adresse aux lycéens en quête de réponse qui voient 2017 comme une année de transformation : le début de la vie active, le bac ou la recherche d’une vocation. En ce début d’année on se dit, confiant, que tout va bien se passer, on se réconforte en essayant vainement de faire taire cette peur qui nous saisit : et si on échouait ? Ce doute tend à nous abattre mais nous devons rester inébranlable, et avoir confiance.

Promettons-nous alors, pour cette année, de vivre et de croire en nous. Promettons-nous de voyager, de partir, d’admirer, de chérir, et d’aimer. Cessons de nous plaindre à propos d’un monde qui ne nous convient pas, engageons-nous y et réparons-le. Car nous avons le pouvoir de tout accomplir, nous sommes assez inconscients pour tenter l’impossible ; et c’est cela notre force, nous sommes libres. Libres de toute obligation, de tout contrat, innocent et sans attache. Nous, jeune génération avons le pouvoir d’agir pour ce qui nous semble juste, sans aucune contraintes. Alors manifestons-nous, exprimons-nous, agissons ; utilisons tous les moyens qui s’offre à nous pour nous faire entendre. Car nous sommes plein de ressources, nous nous remettons en question à chaque instant et cherchons à nous surpasser afin d’être prêt à affronter ce monde. En effet nous commençons à comprendre les dangers d’une vie virtuelle, nous appréhendons peu à peu la superficie de notre univers. Mais nous devons encore nous affranchir de nos a priori. Il faut que nous apprenions des erreurs de nos pairs afin de ne plus les renouveler, nous avons le besoin comprendre que nous sommes plus forts en groupe et que le partage est la clé.

Alors, fort de ces connaissances, entrant dans une société d’adulte tout en regrettant nos activités d’enfants nous avançons, laissant derrière nous un monde trop vite quitté. Mais ne perdons pas nos fantasmes de jeunesse, continuons à rêver. Rêvons aux victoires inespérées ; aux projets qui semblent irréalisables mais qui prennent forme grâce à nous. Soyons le héros qui avance paisiblement, fort de ses convictions. Gardons nos rêves car ce sont eux qui inspirent nos vies. Alors celle-ci sera façonnée d’erreurs, de fête, de rencontres, de voyage ; elle résonnera des musiques de la veille, des rires des soirées passés. Notre vie sentira le feu, la pluie, le parfum, l’alcool et la brise marine. Et on l’aura vécu. Et chaque nuit blanche, chaque interdit bravé sera comme une revanche sur cette société qui souhaite qu’on rentre dans le moule ; sur cette société qui ne nous laisse pas assez de temps pour grandir.

Alors ne demandons plus et prenons ce temps pour nous épanouir. Prenons le temps de commettre des erreurs. Alors essayons, échouons. Peu importe. Réessayons, échouons encore. Échouons mieux(1). Prenons le temps de nous découvrir réellement en voyageant, en rencontrant de nouvelles personnes, en découvrant d’autres vies que la nôtre. Il existe autant de manière de vivre que de personnes sur terre, à vous de trouver la vôtre, faites seulement en sorte de la vivre réellement.

Et comme l’a dit Jean-Claude à Bernard : « Si je peux me permettre de te donner un conseil, c’est oublies qu’t’as aucune chance, vas-y, fonce ! On sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher... »

(Réplique de Les Bronzés font du ski, pour les incultes.)

1 : citation de Samuel Beckett, traduite de l’anglais

Crédits images :

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