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  • Raphaëlle C.

Et pourquoi pas nous ?

Si vous êtes en terminale voire même dans les classes inférieures, peut-être avez-vous déjà entendu parler d’EPPN. Cet acronyme, voulant dire « Et Pourquoi Pas Nous » est une organisation proposée par l’école et dirigée l’an passé par Mme Champion, professeur de SVT et cette année par M. Tournier, professeur de physique chimie. Avec l’aide de la mairie de la ville de Verneuil-sur-Seine ainsi que celle de la résidence Delapierre, un projet a vu le jour, il y a maintenant un an et demi. L’objectif est simple : donner un peu de son temps, que ce soit sur l’heure du déjeuner ou sur une heure de temps libre, à une personne âgée et seule. Cette année, c’est 80 jeunes motivés qui se sont portés volontaires pour ce projet mais, malheureusement, le nombre de jeunes enthousiasmés était trop conséquent pour répondre au nombre de personnes visitées. La moitié des jeunes se sont vus écartés du projet.

Pour en savoir un peu plus sur ce projet d’échange de génération, Mme Cécile Champion et M. Thibault Tournier ont accepté de répondre à quelques questions. Les voici :

RC : Quelle est l'origine de ce projet ?

CC et TT : « Cécile Champion, professeur de SVT, est à l’origine de ce projet. Elle l’a proposé à l’école, suite à la lecture à Pâques 2016, d’un témoignage de jeunes lycéens rémois, réalisant des actions très proches de EPPN. Il ressortait de cet article beaucoup de joie et de moments de bonheurs simples dans ces échanges. Les jeunes pensaient donner beaucoup sans forcément recevoir, et tous avaient réalisés qu’eux-mêmes en ressortaient grandis. Professeur en terminale, avec le bac à la fin de l’année et les inscriptions post-bac, on voit nos élèves tendus, stressés, avec souvent en tête leur moyenne de maths, le prochain dst… L’idée était de les sortir de ce quotidien scolaire, de leur offrir une bulle hors du temps, basée sur des échanges simples avec des personnes isolées, âgées ou non, en foyer ou non. Une autre idée aussi avait poussé au développement de ce projet. M Le Saout avait envoyé, peu de temps auparavant, aux parents d’élèves un courrier rappelant la bonne conduite à avoir à l’extérieur de Notre Dame suite à des incivilités. Les Vernoliens du centre-ville ont souvent une vision négative de l’école, or nous nous voyons nos jeunes évoluer de la sixième à la terminale. Nous voyons toutes les richesses qu’ils portent en eux, tous les projets dont ils rêvent. Ils sont très nombreux à se préoccuper de la planète et de leurs prochains, à souhaiter s’engager dans des projets humanitaires. EPPN était alors une proposition pour vivre déjà, à une petite échelle de temps et locale, à travers leur école, un engagement solidaire, sur le temps du midi. Ainsi d’autres personnes que les professeurs de l’établissement pourraient découvrir le rayonnement et la lumière des jeunes que nous côtoyons. Ce projet a été présenté dans un premier temps à quatre élèves de première de Mme Sid-Otmane en mai 2016, Perrine Brunet, Marie Frechet, Hortense Garnier et Isaure De Gelis. Elles ont accueilli ce projet très chaleureusement et l’ont porté aussi toute l’année suivante. En juin et août 2016, c’est au tour de la mairie d’accueillir EEPN avec beaucoup d’enthousiasme, par le biais de M. H. François-Dainville, Maire-adjoint chargé de l'action sociale, de la solidarité et du handicap et Mme A.-L. Besnard, Directrice Affaires Sociales et Petite Enfance. Puis ce fut au tour des enseignants en septembre, et des élèves. La première année étant une année test, il a été décidé de ne proposer le projet qu’aux élèves de Terminale, à qui on laisserait une grande responsabilité et autonomie. Comme tout s’était bien passé lors de cette première édition, nous avions décidé de proposer également le projet aux élèves de Première mais devant le nombre de volontaires de Terminale en forte croissance, cela n’a pas été nécessaire. »

Promo 2016 2017

RC : Quel est l'objectif de ce projet, autant du côté des personnes isolées que de celui des jeunes ?

CC et TT : « Il y a plusieurs objectifs à ce projet :

- Tout d’abord, rompre l’isolement. L’isolement social est un problème de société majeur. Une étude de 2017 a montré que 6% des plus de 60 ans sont isolés des cercles amicaux et familiaux. A notre petite échelle, nous souhaitons donc lutter contre ce problème en sortant de l’isolement des personnes âgées de notre ville et même toute personne qui souffre d’isolement pour d’autres raisons (handicap, maladie, etc.).

- L’accompagnement des personnes âgées est également un problème de société, notamment mis en lumière par les mouvements sociaux qui touchent actuellement les EHPAD dont le personnel est insuffisant pour remplir correctement leur mission. De toutes les grandes causes qui agitent intellectuels, médias et politiques, nos aînés sont systématiquement les grands oubliés. Une initiative comme « Et Pourquoi Pas Nous » permet, à notre petite échelle encore une fois, de rétablir l’équilibre.

- Pour les jeunes, c’est donc une opportunité de s’investir pour une cause simple mais importante. Il y a beaucoup de gens qui souhaitent donner de leur temps et de leur énergie pour la collectivité mais qui ne savent pas vraiment vers quoi se tourner. Pour les raisons évoquées ci-dessus, « Et Pourquoi Pas Nous » propose de s’investir dans un domaine qui en a particulièrement besoin. Le nombre impressionnant de lycéens s’étant portés volontaires cette année confirme que cette volonté d’être utile à la collectivité est largement partagée.

- Autre objectif : réconcilier les générations. Il faut bien le dire, les groupes de lycéens qui déambulent aux alentours des « Oiseaux » ne sont pas toujours bien vus par les personnes âgées du voisinage et réciproquement. Établir des liens personnels entre les générations permet de changer le regard de chacun et d’améliorer les relations de notre établissement avec le voisinage.

- Dernier objectif : faire vivre aux personnes âgées et aux lycéens qui y participent une expérience exceptionnelle. Quoi de plus banale qu’une rencontre ? Mais lorsque celle-ci rassemble des personnes d’âges, d’histoires, de préoccupations - et parfois de milieux sociaux - aussi éloignés et qu’une alchimie s’établit, cela devient exceptionnel. »

RC : Qui sont les différents acteurs du projet ?

CC et TT : « Cécile Champion est la créatrice du projet et en a été la coordinatrice toute la première année. Thibault Tournier, professeur de physique-chimie, a pris sa suite la deuxième année car elle est partie en congé maternité.

Du côté de l’école, M. Le Saout et Mme Parisot soutiennent le projet, notamment financièrement, une vingtaine d’enseignants du secondaire y participent en accompagnant un binôme de lycéens, et les enseignants du primaire ont chapeauté des confections d’affiches et de cadeaux de Noël, de cartes de vœux et de galettes des rois pour les personnes âgées.

Du côté de la municipalité de Verneuil-sur-Seine, Anne-Laure Besnard, directrice des Affaires Sociales et de la Petite Enfance, nous a accompagné notamment dans la mise en place de la première année à la résidence Delapierre et nous accompagne cette année en assurant la communication auprès des personnes âgées en nous adressant celles qui sont intéressées par notre initiative.

Enfin, du côté de la résidence Delapierre, Pascale Bénard et Nathalie Canu font avec nous les plannings des visites, rappellent les dates aux résidents, bref font tout ce qui est possible pour que cela se passe bien du côté des personnes âgées.

Lucia Bedue a mis en place une formation aux premiers secours pour les élèves volontaires.

Enfin, nous sommes également en contact avec « La Main Tendue », une association pastorale qui nous a adressé quelques personnes âgées isolées. »

RC : Pourriez-vous nous donner quelques chiffres sur le nombre de jeunes participants au projet au fil des années ? Et en réponse le nombre de personnes isolées ?

CC et TT : « La première année (2016-2017), 28 jeunes participaient au projet pour 16 personnes visitées. Cette année, plus de 80 jeunes se sont portés volontaires et nous avons actuellement 20 personnes visitées, soit 40 participants. »

RC : Quelles sont les activités proposées entre les jeunes et les personnes isolées ?

CC et TT : « La plupart des rencontres sont surtout l’occasion de discuter, mais elles peuvent également donner lieu à des jeux de sociétés ou à de courtes promenades.

Il y a par ailleurs deux évènements organisés dans l’année : une galette des rois partagée à l’école avec les élèves de maternelles et un repas de fin d’année à la résidence Delapierre avec tous les participants. »

RC : Où ces rencontres se passent-elles exactement ?

CC et TT : « La première année, les rencontres avaient lieu exclusivement à la résidence Delapierre. Pour ce coup d’essai, ce cadre était plus sécurisant car il y avait du personnel sur place et un lieu de vie neutre qui pouvait faciliter les rencontres du côté des personnes âgées. Cette première année s’étant bien passée, nous avons décidée de nous aventurer, tel qu’était l’esprit initial de ce projet, en-dehors de la résidence, chez des personnes susceptibles d’être encore plus isolées donc. Pour celles-ci, les rencontres se font chez elles. »

RC : Combien de temps durent les rencontres ?

CC et TT : « Les rencontres ont lieu sur le temps du repas de midi et durent entre 45 minutes et 1h15 suivant le temps qu’ont les lycéens. »

RC : Avez-vous eu des retours des personnes âgées et si oui, qu'en pensent-elles ?

CC et TT :« Les personnes âgées qui participent se réjouissent de ces visites et la plupart de celles qui participaient l’année dernière ont continué cette année. Pour les personnes extérieures à la résidence, ces visites sont encore plus importantes puisque pour certaines, les lycéens qu’elles reçoivent sont les seules personnes à qui elles auront l’occasion de parler de la journée.

Néanmoins, pour être tout à fait honnête, en vieillissant, certaines personnes âgées ont beaucoup de mal à sortir de leur routine et les visites étaient vécues comme une contrainte. Certaines d’entre elles n’ont donc pas continué. »

RC : Comptez-vous faire perdurer ce projet dans les années à venir ?

CC et TT : « Bien sûr ! Il nous apparaît plus utile que jamais et nous espérons élargir notre périmètre de visite pour toucher davantage de personnes, et notamment celles vivant seules chez elles. »

RC : Les retours sur ce projet sont-ils prometteurs et ont-ils l'effet escompté à son lancement ?

CC et TT : « Les retours ont été très positifs lors de la conclusion de la première année, aussi bien du côté des personnes âgées que des lycéens, c’est pourquoi nous avons reconduit l’expérience. Les personnes âgées avaient apprécié ces visites régulières qui leur apportaient un peu de distraction et de fraîcheur et les jeunes ont découvert qu’ils avaient beaucoup à apprendre de leurs aînés, que ce n’était pas un poncif mais une réalité. »

Nous remercions Mme Champion et M. Tournier pour avoir pris du temps pour répondre à ces questions !

En parallèle, pour avoir plus de retour sur ce projet, voici quelques réponses d’élèves de Terminale participant à ce projet.

« J’aime bien ce projet, on a rencontré une petite dame super gentille qu’on a hâte de retrouver un vendredi sur deux. Au fil des vendredis, on apprend à la connaître et les échanges sont de moins en moins sec et il y a de moins en moins de blancs et de plus en plus amicaux. On sait qu’elle attend nos visites, elle fait attention au regard qu’elle nous donne d’elle… Elle est toujours bien maquillée et belle. On partage des moments forts avec des personnes âgées qui ont beaucoup à nous apprendre… leur passé (parfois difficile)… on leur fait passer du bon temps… on joue au scrabble avec elles… Et ça ne nous demande pas grand-chose. Donner du temps, ça rend heureux ! » Marine D., T ES 1.

« EPPN est un projet incroyable dont j’entends parler depuis sa création, l’année dernière. Je n’ai eu que de bons échos, et c’est pour cela que je n’ai pas hésité longtemps avant de m’inscrire en septembre. J’avais même participé à une réunion en juillet pour perpétuer cela, osant espérer que notre promotion allait adhérer au projet. Et je ne me suis pas trompée ! Je vis ce temps fort un vendredi midi sur deux, accompagnée de ma binôme, et nous passons quarante minutes sur notre pause déjeuner avec une personne âgée très aimable, qui nous raconte beaucoup de choses et qui est toujours ravie de pouvoir nous rencontrer. Elle me touche beaucoup, parce qu’elle fait bien attention à elle avant de descendre de chez elle, petit rouge à lèvre et brushing ! Elle nous apprend surtout à profiter de la vie, et elle nous aide à réaliser la chance qu’on a, nous lycéens, au vingt-et-unième siècle. Les personnes âgées ont beaucoup de choses à nous transmettre ! » Amélie D., TS.

C’est sur ces paroles pleines de sagesse de et de vérité que s’achève cet article prônant l’échange intergénérationnel !

Ainsi, élèves de première, seconde voire au collège, si ce projet intergénérationnel vous interpelle et vous donne envie, n’hésitez pas à répondre présents lorsque votre tour viendra ! Cela fait toujours plaisir de recevoir de la visite, alors imaginez le bonheur de ces personnes isolées, quand elles retrouvent de la jeunesse dans ces petites réunions hebdomadaires !

R. Chevalier, TL

Crédits photos :

- Facebook Eppn Ndo

- http://www.anim.ch/?page=844

- https://www.famillesrurales.org/multiactboussay/Contenu.php?article=76&arbo=57

- http://mentalfloss.com/article/50090/10-words-will-win-you-any-game-scrabble

- http://www.konsorga.com/mes-forces

-http://www.fleximeuble.fr/actualites/2015/01/20/se-loger-pas-cher-les-avantages-du-logement-intergenerationnel/

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