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Raphaëlle C.

Harry Potter, un modèle de tolérance ?

Vous connaissez sans doute tous au moins de nom la saga fantasy Harry Potter écrite par l’auteur britannique J.K. Rowling puis adaptée cinématographiquement par Chris Columbus (1 et 2), Alfonso Cuarón (3), Mike Newell (4) puis David Yates (5, 6, 7.1, 7.2).

En effet, si cette série est au premier abord conseillée aux enfants de plus de onze ans, elle n’en reste pas moins le phénomène du vingt-et-unième siècle, et a fait rêver le monde entier ! Pour remettre dans le contexte brièvement, c’est l’histoire d’un jeune garçon âgé au départ de onze ans, aux cheveux hirsutes et noirs jais, à la cicatrice qui aurait pu être banale si elle n’avait pas une forme d’éclair et n’avait pas été lancée par un puissant mage noir. Cet adolescent n’a rien de très spécial, des vêtements trop grands, des lunettes cassées et habitant en dessous de l’escalier. Qui aurait pu prévoir qu’il était un véritable héros dans un autre monde… dans son monde…
















L’auteur a réussi à effacer l’histoire de la vieille sorcière aigrie à la verrue sur le nez et concoctant des poisons pour ensorceler autrui, et l’a transformé en un monde magique merveilleux !






Tout le monde a déjà rêvé de recevoir sa lettre d’admission au collège prestigieux de Poudlard, tout le monde a déjà rêvé d’intégrer la maison des courageux, des érudits, des loyaux ou des rusés. Tout le monde à déjà rêvé d’avoir une baguette magique et de pouvoir lancer des sorts !




Et puis, il faut bien avouer que leurs matières semblent tellement plus intéressantes que les nôtres ! Entre la Défense contre les Forces du Mal, les Sortilèges, les Potions, ou bien alors la philo, les maths et la biologie, je pense qu’il n’y a pas photo !


Même plus de vingt ans après la parution du premier livre, cette saga reste incontournable ! De plus, Daniel Radcliffe, Rupert Grint et Emma Watson nous ont fait rêver en interprétant les rôles du trio d’or, Harry Potter, Ronald Weasley et Hermione Granger.

Mais, savez-vous que, derrière cet univers inventé de toutes pièces se cachent des références actuelles, politiques, sociales… ? Non ? Pourtant, c’est bien vrai !


En effet, au-delà de son apparence fantastique et magique, cette saga nous livre des messages de tolérance et de respect.


Dans un premier temps, bien qu’elle ne le dise pas explicitement, on retrouve dans ses livres une dénonciation politique.

Poudlard, ce collège magique, aurait été fondé il y a plus de mille ans, alors

que les sorciers souffraient encore de la persécution de la part des moldus.

Les quatre plus grands sorciers de l’époque, amis de longue date décidèrent

de s’unir pour créer un lieu d’épanouissement et d’apprentissage

pouvant également servir de refuge aux sorciers. Alors, Godric Gryffondor,

Helga Pouffsoufle, Rowena Sersdaigle et Salazar Serpentard bâtirent leur propre école de sorcellerie qu’ils baptisèrent Poudlard. L’école fut divisée en quatre maisons, chacune prenant le nom et les qualités d’un fondateur. Ils partirent ensuite à la recherche d’élèves à qui enseigner la magie. Mais, c’est ici qu’apparurent les premières divergences, à propos des matières enseignées mais surtout des élèves. De plus, ils décidèrent de donner à un chapeau ensorcelé le pouvoir de répartir chaque nouvel élève dans une des quatre maisons.



Mais les tensions s’intensifiaient. Salazar Serpentard refusait catégoriquement l’admission d’enfants nés-moldus, c’est-à-dire nés de parents n’ayant pas de pouvoir magique, car selon lui, ils n’étaient pas dignes d’étudier la magie. Il ne veut que des « descendants des nobles lignées », autrement dit les « Sangs-Purs » c’est-à-dire dont les parents, grands-parents et ancêtres sont tous des sorciers. Mais, à l’inverse, les trois autres fondateurs s’opposent à sa conception de la magie et insistent pour que tous les sorciers, quelle que soit leur origine, puisse intégrer l’école. Finalement, Serpentard quitte l’école et depuis, des tensions subsistent entre les trois maisons tolérantes et la quatrième.





Des centaines d’années plus tard, un sorcier, nommé Voldemort, reprendra la conception raciale de Serpentard pour prôner la supériorité du sang « Pur » par rapport au sang « Moldu ». D’ailleurs, un terme péjoratif désigne les nés-moldus, les « Sangs-de-Bourbe », tels qu’Hermione Granger. Il faut noter que cette conception raciale est un comble quand on sait que Voldemort lui-même est un « Sang-mêlé » et que son père est un moldu !


D’ailleurs, un bon nombre de sorciers se considèrent comme supérieurs aux moldus. Ils dénigrent les « Cracmols », c’est-à-dire les hommes ou femmes nés de famille « pure » mais dépourvus de toute magie. Mais, le monde sorcier n’est pas rempli que de sorciers mais bien aussi de créatures magiques telles que les elfes, les gobelins, les centaures, les loups-garous, les géants. Un homme qui aurait asservi des peuples par la force et condamné à mort des milliers de personnes à cause de leur religion ou de leur orientation sexuelle, cela ne vous rappelle rien ?

































Lorsque Voldemort prend le pouvoir, son objectif est d’exterminer chaque défaut de la nature pour ne garder que la race pure. Il veut tuer ou asservir les autres. Malade cet homme non ?! D’ailleurs, en ouverture du livre Harry Potter et les reliques de la mort, il assassine sans pitié Charity Burbage, professeur d’étude des moldus à Poudlard qui défendait haut et fort la cause moldue, assurant qu’ils ne sont pas si différents des sorciers. Il la donne ensuite à manger à son serpent Nagini.


De plus, tout le monde doit sans doute avoir en horreur Dolores Ombrage, cet horrible professeur dans Harry Potter et l’Ordre du Phénix, qui deviendra durant la dernière année une employée du Ministère de la Magie qui recense et condamne les nés-moldus, comme l’ont fait auparavant les nazis sous le troisième Reich. Il existe d’ailleurs des « rafleurs », poursuivant et chassant les résistants, comme le faisaient les SS pendant la guerre. D’ailleurs, Isabelle Smadja voit dans les initiales de Salazar Serpentard, SS, une référence au corps d’élite d’Hitler, les Schutzstaffel.

Nous pouvons donc faire un rapprochement politique entre le gouvernement nazi et celui de Voldemort. Bien entendu, d’autres analogies peuvent être effectuées, avec des régimes ou partis politiques actuels mais, ne soyons pas trop polémiques !


Dans un deuxième temps, bien qu’au premier abord, nous pouvons voir un manichéisme assez marqué avec le clan du bien, l’Ordre du Phénix, et celui du mal, les mangemorts, J.K. Rowling détruit ensuite cette image en apportant une part d’ombre aux personnages. Sirius le rappelle dans le tome 5, « le monde ne se divise pas entre braves gens et Mangemorts ».


Bien entendu, aucune excuse n’est donnée à Dolores Ombrage, Voldemort ou même la folle furieuse de Bellatrix Lestrange mais, certaines personnes sont plus complexes qu’elles n’y paraissent.


James Potter n’est pas qu’un homme « bien », et on le voit bien dans le tome cinq, quand il torturait mentalement et physiquement (de manière pas méchante mais très humiliante) Severus Rogue, pour des raisons triviales.

Sirius Black aussi a cette part d’ombre car il est au départ fiché comme ennemi numéro un, mais la vérité est révélée et il devient un parrain pour Harry. Mais, son comportement odieux envers l’elfe de maison de la famille Black, Kreatur, laisse à désirer et met en lumière un homme tourmenté.



Un autre homme difficile à cerner est Albus Dumbledore, directeur de Poudlard. Durant les quatre premiers films, il apparaît comme le professeur amusant, un peu déluré, que tout le monde aime et qui aime les friandises. Mais, au fil des tomes, il se révèle être un personnage bien plus complexe que ce « papy gâteux ». C’est un homme tolérant, mais qui ne l’a pas toujours été. Bien qu’il défende la cause des géant avec Hagrid, des loups-garous avec Remus Lupin qu’il respecte profondément, il n’a pas toujours été un modèle de vertu. Durant sa jeunesse, il a fait la connaissance d’un certain Gellert Grindelwarld, ancien élève de l’école de magie noire de Dumstrang avec qui ils projettent des choses plus ou moins douteuses. On apprend par Abelforth que c’était un frère tyrannique, qui n’avait aucune considération pour sa sœur handicapée et qui ne privilégiait que ses études brillantes. Tous les deux, ils élaborent des plans d’un nouvel ordre pour la sorcellerie et envisagent d’asservir les moldus pour « le plus grand bien ».


Mais, Severus Rogue est sans conteste le personnage le plus ambigu de la saga. Jusqu’à la fin, les doutes persistent quant à son allégeance. A l’allure austère, c’est un personnage non apprécié tant de la part des élèves que de celle des lecteurs, enfin jusqu’à la mise en lumière de la vérité ! Severus Rogue n’est pas un homme tolérant. Il n’apprécie pas les moldus et on peut penser qu’il adhère au moins un peu aux idées des mangemorts. Mais il aime Lily Evans, épouse Potter. Et, cette femme est la tolérance même. Par amour, on peut tout dit-on… Et bien Rogue le montre bien en agissant contre ses propres convictions.

Jean-Claude Milner, un linguiste, philosophe et essayiste français, l’explique : « La découverte finale permet à Harry d’aller au-delà de lui-même. Il tenait Rogue pour l’incarnation du Mal, plus encore que Voldemort, à cause de l’ampleur de sa trahison ; il découvre en lui le plus grand sacrifice. Sur le point de mourir, Rogue répète à Harry qu’il a les yeux de sa mère, mais ce n’est pas encore tout à fait vrai : Harry devra voir à quel point il a mal jugé Rogue, depuis l’origine, pour que son regard traverse les apparences et découvre la beauté par-delà la laideur de la surface. ».


Dans ses romans, l’auteur livre une véritable condamnation du pouvoir, comme elle le dit elle-même « Je me méfie des gens qui veulent le pouvoir, ce qui se ressent clairement dans les livres, je crois ». D’ailleurs, les notions de censure et de propagande sont évoquées dès le tome 5, avec le professeur Ombrage, l’incarnation-même du mal.

Un pouvoir est néanmoins nommé dans tout le livre : celui de l’amour. Cela peut paraître simplet mais, quand on voit le personnage de Severus Rogue retourner sa veste seulement pour l’amour d’une femme, cela remet en question la situation.

« L'amour est tellement formateur pour chacun, en bien ou en mal. On peut réellement mesurer les dommages cérébraux subis lorsqu'un enfant est retiré à sa mère. Quand j'écris que Harry a été formidablement aimé au début de sa vie, c'est important. Cela lui aura assuré une protection dans le sens où son cerveau s'est développé différemment de celui de Voldemort, qui lui a été placé dans un orphelinat dès sa naissance.»

— J. K. Rowling

« Alors, quand la prophétie dit que j'aurai « un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore », cela signifie simplement… l'amour ? » « Oui… simplement l'amour.»

— Harry et Dumbledore, tome 6, chapitre 23


Ainsi, nous pouvons donc bien conclure que la saga Harry Potter porte un véritable message de tolérance envers les minorités, les êtres que certains considèrent inférieurs. Par exemple, Hermione dans le tome 4 monte une organisation pour la défense des elfes de maison, la S.AL.E. (Société d’Aide à la Libération des Elfes) en dénonçant les conditions de vie désastreuses de ces petites bêtes attachantes.

De plus, Poudlard est une école pour tous, non seulement pour les sangs-purs, sangs-mêlés et nés-moldus mais aussi pour les homosexuels, comme le dit J.K. Rowling dans une interview « Si Harry Potter nous a appris quelque chose, c’est que personne ne devrait rester dans un placard. », un beau message de tolérance et de respect.

Aussi, sans doute pour rappeler son pied de nez au nazisme qui est fortement condamné dans son livre, elle a affirmé qu’un des élèves, Anthony Goldstein, est de religion juive.


Poudlard et la saga Harry Potter sont donc une source insoupçonnée de message de paix, de tolérance et de respect en envers autrui.


J.K. Rowling a elle-même souligné que s’il y avait quelque chose à retenir dans ses livres, c’était un enseignement de tolérance.


« J.K.Rowling, créatrice des Harry Potter, souhaite qu’on y lise un plaidoyer en faveur de la tolérance. Elle a clairement une lecture politique de son œuvre. Le même sens se dégage de la version filmée, avec plus de netteté encore, parce que la forme en est plus resserrée. Le public s’est passionné pour le récit pottérien, mais on n’a pas toujours pris le temps de détailler la réflexion sociale et politique dont les personnages et les événements sont les porteurs. Au travers de la magie, il est question du capitalisme, de la prise de pouvoir, de la relation entre travail manuel et travail intellectuel. Les Harry Potter nous parlent de notre présent, dans ce qu’il a de plus urgent… » Jean-Claude Milner

Il n’est donc pas faux de penser que la lecture peut changer le monde. Les mots ont un pouvoir insoupçonné, bien plus fort que tout pouvoir pris par la force, car les mots ont un sens, une valeur symbolique, une histoire…


« Les différences de langage et de culture ne sont rien si nous partageons les mêmes objectifs et si nous restons ouverts les uns aux autres. »

– Albus Dumbledore dans Harry Potter et la Coupe de Feu –

Raphaëlle C. TL

Crédits photos :

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- http://www.dolldivine.com/Folk-and-Historical/BlackStallion-591365

- http://popgoestheweek.com/2012/07/let-the-games-begin-mary-poppins-will-fight-voldemort-at-the-london-olympics/

- http://harry-potter-49300.skyrock.com/2742738842-Kreattur.html

- http://harrypotter.wikia.com/wiki/Gringotts_Head_Goblin

- http://fr.harrypotter.wikia.com/wiki/Loup-garou

- http://www.zimbio.com/Underrated+Harry+Potter+Characters/articles/0dKXvCuTLo5/Firenze

- https://www.quizz.biz/quizz-205107.html

-https://culturesgenre.wordpress.com/2013/11/24/cette-horrible-bonne-femme-de-dolores-ombrage-harry-potter-et-le-genre-3/

- http://harrypotter.wikia.com/wiki/James_Potter_I

- https://www.tes.com/news/school-news/breaking-news/dumbledore-tops-poll-best-loved-teachers

-http://www.cosmopolitan.fr/,des-fans-de-harry-potter-creent-un-spin-off-sur-severus-rogue,1922519.asp

- http://www.purepeople.com/media/severus-rogue-pleurant-la-mort-de-lily_m2005672

- http://www.listal.com/viewimage/6079381

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