Les gants blancs
Chapitre 2:
« - Alors là, je confirme, s’esclaffa le jeune homme en remuant le contenu de sa tasse.
- Mason, tu ne peux pas savoir...
- Ma petite Mary, commença le brun sans cesser d’agiter son chocolat avec sa cuillère. Le jour où tu as sonné chez moi pour avoir de l’aide, tu m’as brûlé avec une fourchette, alors que tu aies cassé une tasse avant de le mettre à la porte, ça ne m’étonne même pas.
- Comment oublier cette histoire ? soupira-t-elle avant de lâcher un petit éclat de rire, rapidement suivie par son ami. »
Et dire qu’ils avaient passé la Saint Sylvestre ensemble cause de sa maladresse... A y repenser, c’était amusant cette heureuse mésaventure : Mary avait sonné chez son voisin, un jeune brun timide qui avait bafouillé en la découvrant sur le pas de sa porte pour lui demander de l’aide pour ses plaques de cuisson qui ne marchaient pas. Au final, c’était une simple erreur de branchement, et ils l’avaient vérifié en posant une fourchette là où les casseroles devaient se trouver sur la plaque électrique. Malheureusement, en saisissant le manche du couvert, Mary ne l’avait pas trouvé chaud mais Mason oui, quand elle lui avait collé les dents de la fourchette sur le bras.
« - Arrête, c’est pas drôle j’ai encore la marque, souffla le jeune homme en se reconcentrant sur sa tasse.
- Mouais.
- Allez, parle-moi un peu de ton pingouin en costume.
- C’est un majordome. Mais qui a encore un majordome au 21 ème siècle ?
- Ça me paraît vraiment étrange, tu crois qu’ils pourraient...
- Oh non pitié, coupa vivement Mary en rougissant, cachée derrière une mèche de cheveux ébène. Il a vraiment l’air sérieux, comme dans les films. Costume noir, classe, boutons de manchettes dorés, chemise blanche, il était impeccable. Et il avait des gants blancs, vraiment le majordome classique, mais il a changé de paire pour me donner l’enveloppe. Non !
- Comment ça, non ?
- Je le revois jeudi prochain ! répndit la jeune fille d’un air épouvanté. Je suis trop bête, je ne vais jamais pouvoir le regarder en face.
- Allez, c’est pas si grave, optimisa Mason en serrant la main de son amie dans la sienne.
- Mais je l’ai mis à la porte !
- J’avoue que c’est un peu impoli.
- Mais pas qu’un peu ! Je n’irai pas, décida-t-elle en croisant les bras.
- Tu dois y aller, c’est pour Madame Devaulieux, pas pour lui, il est juste majordome.
- De toute façon je n’ai rien à me mettre, objecta Mary en secouant la tête.
- Mais si, un jean, un chemisier et ta veste habituelle, ça ira, ça va passer, c’est pas un dîner avec la famille royale.
- Tu rigoles j’espère ? Déjà il fait beaucoup trop froid, il pleut depuis une semaine à Londres et tu connais la décoration de mon appartement. Madame Devaulieux est vraiment une personne chic qui soigne son apparence. »
Ne sachant quoi dire, Mason haussa les épaules, avant de penser à quelque chose, mais il finit par refouler cette remarque en la jugeant inappropriée pour l’instant.
« - Il ne me reste plus qu’à déménager, soupira la jeune fille avant de vider le fond de sa tasse.
- Allez Mary, je voulais te dire la même chose mais soit positive. Tu as bien ta robe noire avec ta veste grise, je t’ai vue avec l’autre jour.
- Tu m’espionne maintenant ?
- Non, rougit-il en baissant les yeux.
- Idiot, je sais bien. Tu crois que ça va ? Oh, remarque, si c’est passé pour un repas de famille ça ne devrait pas être trop tape à l’œil. »
Du même avis, le brun approuva d’un hochement de tête en se demandant pourquoi son amie était aussi hésitante. Après tout, rien ne lui prouvait que ce n’était pas une mauvaise blague, elle aurait même pu avoir rêvé elle avec son imagination débordante... En la regardant, distraite par les passants dans la rue, il n’osa pas lui demander où elle en était dans sa page blanche, puisqu’il savait pertinemment qu’elle n’avançait pas, sinon elle lui en aurait parlé, perchée sur son petit nuage d’imagination loin de la réalité. En souriant, il se remémora les dernières aventures du petit paysan, qui avait lui aussi été brûlé avec une fourchette pourtant pas chaude.