Le placebo
Le placebo, en médecine, est un produit prescrit à un patient qui n’est en rien censé changer sa maladie, on parle de pilules “mie de pain”. Cette pratique peut sembler totalement inéthique et inutile, mais, chose surprenante, ces pilules “mie de pain” peuvent changer l’état des patients de manière extrêmement variées.
Le terme placebo, signifiant “je plairai” en latin, apparaît vers la fin du 18ème siècle et était utilisé pour satisfaire un patient qui désirait un remède inutile du point de vue des médecins.
Au milieu du 20ème siècle, le terme revient lors des études de tests des médicaments, les patients sous placebo sont les patients témoins, permettant de comparer les résultats et voir les changements dus au test. Aujourd’hui, le terme correspond à un produit normalement sans effet quant à la pathologie du patient.
Malgré tout, des améliorations ont été observées avec des patients suivants un traitement contre la douleur : un placebo a pu réduire la douleur de certains patients. Cette amélioration suite à la prise d’un placebo s’appelle l’effet placebo.
Bien sûr, l’effet placebo n’est pas observable chez chaque patient. Pour les douleurs, l’efficacité du placebo varie de 5% à 65%, les meilleurs résultats viennent des traitements pour douleurs plus psychologiques que physiques. L’efficacité du placebo dépend, contrairement à la plupart des maladies, du caractère de la personne; un patient ayant une confiance sans limite aux médicaments aura plus de chance d’être placebo-répondeur.
Mais pourquoi le placebo, un médicament censé être inutile, agit-il sur la douleur ? En fait, chez les patients répondant au placebo, la prise de celui-ci augmente la circulation sanguine, et agit sur le cortex cingulaire du cerveau, libérant de l’endorphine et de la dopamine, les mêmes enzymes libérées par d’autres médicaments servant à calmer la douleur.
L’efficacité du placebo est donc aujourd’hui confirmée. Reste le cas de l’éthique : ne pas prévenir le patient ni sa famille de la réelle nature de son traitement devrait être évité selon les règles d’éthique médicale. Mais des études ont montrés que des patients prévenus qu’ils étaient sous placebo ont eu des réponses presque similaires aux résultats des patients non informés, surtout avec des remarques positives de la part du médecin concernant le placebo. Informer les patients peut donc sembler plus éthique.
Mais le placebo est loin d’être la meilleure solution : l’état du patient peut en effet s’améliorer tout comme il peut se dégrader. La dégradation de l’état d’un patient après la prise d’un placebo s’appelle l’effet nocebo. Nocebo signifie ”je nuirai” en latin, l’exact contraire du placebo. Ces effets nocifs sont presque aussi récurrents que l’effet placebo. Ici aussi la récurrence de ces effets dépend de la personnalité du patient.
Bien que le placebo semble être la solution à l’usage excessif de médicaments, il en est loin, d’une part car il n’est pas efficace pour tout le monde, et d’autre part car il peut en résulter des effets secondaires indésirables et imprévisibles. Cependant, des commentaires emphatiques de la part du médecin peuvent aussi aider à la guérison, c’est l’effet médecin, et peut-être qu’une plus grande empathie de la part des médecins associé à la prise d’un placebo pourrait réduire les effets nocebos au profit des effets placebos.
Sources :
https://www.nature.com/articles/s41598-019-44879-9
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3008733/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2832199/
https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0192758
https://www.nature.com/articles/s41467-018-05859-1
https://www.science-et-vie.com/questions-reponses/l-effet-placebo-guerit-il-vraiment-10102
DIDIER SICARD. L’éthique médicale et la bioéthique. Que sais-je ?, 2017
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