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Ambre P.

Les choses semblent avancer : et pourtant...






Les choses semblent avancer :


Depuis plusieurs années, une révolution féminine internationale se profile. Les choses doivent évoluer, que ce soit sur le plan des inégalités socio-économiques (salariales, d’accès à l’éducation...), ou sur le plan des agressions sexuelles. Revenons à octobre 2017 - l’affaire Harvey Weinstein n’a pas seulement déclenché le mouvement #MeToo, mais cet évènement a aussi encouragé des femmes dans le monde entier à réagir et à s’exprimer. Cette affaire, connue au moins de nom par tout le monde aujourd’hui, désigne la révélation publique des harcèlements et agressions sexuelles attribuées à Harvey Weinstein - une personnalité influente dans l'industrie du cinéma américain-. Pendant les mois qui ont suivi ces révélations, de nombreuses autres accusations ont été faites. Aujourd’hui, plus de 90 femmes accusent Harvey Weinstein de les avoir agressées sexuellement. Parmi elles, des actrices, des chanteuses, des mannequins, des journalistes et des employées de la Weinstein Company, son entreprise. L’affaire Harvey Weinstein est actuellement une affaire judiciaire en cours. Les premières révélations, apparues dans le New York Times en octobre 2017, semblent avoir libéré la parole des femmes non seulement dans le milieu du cinéma, mais aussi dans l’ensemble de la société, et bien au-delà des États Unis. Des témoignages sont alors apparus partout, en particulier sur les réseaux sociaux, qui se sont transformés en plateforme de dénonciation.



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Les mouvements, tel que #MeToo, ont aussi joué un rôle important. En effet, l’idée de “libération de la parole” paraît ainsi tangible. #MeToo est un cri pour s’unifier afin de mettre fin au silence qui a duré trop longtemps. La société semble prendre un pas dans la bonne direction. Le mouvement #MeToo n’est pas le seul à avoir émergé suite à l’affaire Weinstein, même s’il est généralement le plus connu à l’échelle mondial. Le nom du mouvement TimesUp, qui est constitué principalement de femmes de l’industrie du cinéma telles que Emma Watson, parle de lui-même. Le "temps s’est écoulé". C'est maintenant qu'il faut agir. Ces différents mouvements ont aussi permis la mise en place de « Women’s March » tout d’abord aux États-Unis en 2017, puis à l’échelle mondiale. Ces mouvements apportent un encadrement nécessaire à cette « révolte féminine ». En effet, il est important que cette révolution se fasse dans un cadre législatif et concret afin que cette demande pour l’égalité soit non seulement perçue comme légitime mais aussi que la réponse à cette demande soit incontestable et durable. Tout acte extrémiste, même si le but global de ce dernier est incontestablement positif peut difficilement mener à une situation égalitaire, harmonieuse et durable. Prenons l'exemple des Femen, un groupe féministe radical d'origine ukrainienne, fondé à Kiev en 2008 par Anna Hutsol, Oksana Chatchko et Oleksandra Shevchenko. Ce groupe féministe est devenue internationalement connu très rapidement. Cela peut s'expliquer par leurs méthodes volontairement provocatrices et agressives, recherchant une certaine médiatisation (les militantes sont notamment connues pour manifester seins nus). Ces méthodes marquent certes les esprits mais font-elles réellement avancer la situation ? Permettent-elles réellement une évolution du statut de la femme ? Ou déclenchent-elles seulement la remise en cause de la demande légitime d’égalité ? Nous pouvons en effet remarquer que ces méthodes extrémistes sont en parti cause de la vision péjorative que de nombreuses personnes ont sur le féminisme. Ces méthodes entretiennent encore et encore les stéréotypes portés sur le féminisme, et même sur les femmes en général, les associant à la notion d’hystérie, ou encore à l’idée que les féministes détestent les hommes. Des stéréotypes qui viennent irrévocablement ralentir et même obstruer la possibilité d’atteindre une égalité réelle et mondiale entre les hommes et les femmes. Ce stéréotype de la supposée haine contre les hommes a été réfuté encore et encore par de nombreuses féministes. Victoire Tuaillon, l’auteur du livre « Les couilles sur la table », a contré ce stéréotype tout en résumant l’idée globale du mouvement féministe en une seule phrase : « Le féminisme n’est pas une guerre contre les hommes, mais contre la domination masculine ». Le féminisme est l'idée d'une égalité entre les hommes et les femmes. Simple définition d’un mot qui a pourtant une si grande ampleur lorsqu’on le prononce.

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Il est simple d’observer que ces évènements (les différents mouvements, l’affaire Weinstein, Christine Blasey Ford accusant le nominé à la cours Suprême Brett Kavanaugh …) ont changé la perception et le degré de sensibilité de la population mondiale. Une libération de la parole de la femme, au sujet des inégalités, des injustices, du sexisme… En effet, malgré un certain scepticisme au sein de la population française, l’effet de ces évènements s’illustrent à travers #Balancetonporc et la hausse des témoignages des victimes de violences. #Balancetonporc, l’équivalence du mouvement #MeToo en France, a d’une certaine manière transformé les réseaux sociaux en tribunaux populaires. C’est cependant cette vive réaction qui a pu rendre évidente aux yeux de tous la nécessité de lois et de nouvelles mesures. Au-delà de #Balancetonporc, une hausse des témoignages a pu se faire remarquer. Selon un sondage de la Fondation des Femmes, datant de fin septembre 2017, sur un échantillon de 1169 femmes victimes de violences, 71% d’entre elles ont décidé de témoigner d’agressions subies, et cela suite au mouvement. Tandis que 95,7% saluent un mouvement qui a joué un rôle bénéfique dans leur vie. Suite à cette campagne, le gouvernement français a passé la loi Schiappa, vraisemblablement en réponse à ces différents évènements (Marlène Schiappa, Secrétaire de l’Égalité entre les Hommes et les Femmes). La loi Schiappa élargit la définition du viol de l’article 222-23 du code pénal, en prévoyant que « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol ».

Et pourtant…


La loi Schiappa sur la lutte contre les violences sexistes et sexuelles a fait des déçus. Malgré des avancées saluées, nombreux sont ceux à parler de « simples ajustements » et d’une « occasion manquée ». Selon différentes associations de soutien aux victimes de violences sexuelles, la réponse du gouvernement ne fut pas à la hauteur. Ils dénoncent une loi qui ne fait que paraitre, sans réellement agir et changer quoi que ce soit. La déléguée générale de l’Association contre les Violences faites aux Femmes aux Travail (AVFT), Marilyn Baldeck, a dénoncé une absence de prise en charge, un manque d’efficacité dans les procédures suivant la prise de parole des femmes : « La libération de la parole est bénéfique pour les victimes qui ne demandent pas à aller plus loin. Mais pour celles qui nous saisissent, c’est extrêmement violent d’avoir franchi ce pas et de constater qu’il ne se passe rien derrière. À la fois parce que nous n'avons pas les moyens de répondre à toutes les demandes et parce que les pratiques de classement sans suite restent incroyablement stables. Nous sommes toujours confrontés à des procédures qui ne démarrent pas. » Selon le Ministère de la Justice, 73% des procès pour abus sexuels sont sans suites. D’autre part, selon un sondage effectué, 53% des Français estime que les phénomènes #Metoo et #Balancetonporc n’ont eu de conséquences ni positives ni négatives. Seuls 8% des sondés disent avoir changé de comportement dans l’espace public. Un constat qui laisse percevoir l’étendue du progrès qui reste à faire.


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Les inégalités restent encore bien réelles entre les hommes et les femmes. Véhiculées par des biais de perception, des stéréotypes inculqués dès la plus jeune enfance lors de la socialisation primaire et la difficulté de faire évoluer les mentalités. Il reste encore tant à faire. Regardons ne serait-ce qu’un tout petit peu plus loin que notre propre pays, où une réelle équité semble déjà illusoirement proche, la situation des femmes y est encore bien pire. En Arabie Saoudite, les femmes ont obtenu le droit de conduire en juin 2018. L’aspect si récent de la simple obtention du droit de conduire parle de lui-même en ce qui concerne le statut de la femme en Arabie Saoudite. Donc, nous pouvons certes observer une évolution, mais il ne faut pas perdre de vue que les femmes en Arabie Saoudite en sont toujours à se battre pour obtenir ce qui semble aux occidentaux comme un droit ordinaire et arrêté. Cela ne signifie cependant pas que l’égalité est réellement acquise en Occident. En effet, cela semble encore si complexe lorsque l’on voit que dans des pays tels que les États-Unis, la liberté des femmes sur le corps est remise en question. Mai 2019, les lois anti-avortement se multiplient aux États-Unis. En Floride, en Alabama, en Ohio, en Géorgie… Ces lois sont souvent faites dans l’objectif de criminaliser les médecins pratiquant l’avortement. Elles ont effectivement ébranlé cette vision de progrès qui se faisait tant espérer. Remettre en cause le droit à l’avortement est un gigantesque pas en arrière. Cela n’arrêtera pas l’avortement, les femmes continueront d’avorter, mais cette fois de manière illégale et dangereuse pour leur propre santé. Finalement, on parle de progression sur la représentation des femmes dans la littérature, dans les émissions de télévisions et au cinéma (avec l’exemple du Marvel Cinematic Universe et du premier film avec une héroïne comme personnage principale : Captain Marvel). Cependant, les représentations restent encore très stéréotypées, particulièrement au niveau des apparences physiques.


Ainsi…


La situation socio-économique de la femme sur le plan international évolue. Mais il reste beaucoup à faire, et il ne faut surtout pas revenir en arrière. Il ne faut qu’aller de l’avant, mais cela de manière légitime et encadrée, pour atteindre une égalité durable et harmonieuse.


Retour rapide sur le début d’année 2019 en France.


• 19 février, Emma Watson (Ambassadrice ONU femmes) + 3 prix Nobels à l’Élysée avec Emmanuel Macron pour préparer le G7 (Allemagne, France, UK, USA, Italie, Canada, Japon) et faire progresser les lois en faveur de l’égalité des genres dans le monde.


• 1er mars, première application de la loi avenir professionnel (porté par Muriel Pénicaud, fin 2018, qui impose de publier les performances des entreprises sur des critères ; donc écarts de rémunérations et parité de promotions (jusqu’à 1% de la masse salariale) et si cela n’est pas atteint : 3 ans pour y remédier sinon une sanction financière sera appliquée. Or, sur toutes les entreprises de plus de 1000 salariés, seulement la moitié des 1400 entreprises concernées avait publié leur résultat le 1 mars.


• 8 mars, 42èmejournée internationale des droits de la femme, on y déclare que les entreprises de plus de 50 salariés seront sanctionnées dès 2022 si elles présentent des inégalités (de rémunérations et promotions).



Si cet article vous a intéressé, je recommande l’article de la Radio-Télévision Belge de la communauté Française) : « 2019, l’année des révolutions au féminin, de l’Irak, à l’Algérie en passant par le Soudan » https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_2019-l-annee-des-revolutions-au-feminin-de-l-irak-a-l-algerie-en-passant-par-le-soudan?id=10396945




Crédit image : https://amp.lepoint.fr/2297996


Sources : • http://www.lefigaro.fr/cinema/dossier/harvey-weinstein-retour-sur-l-affaire-qui-ebranle-hollywood • https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Harvey_Weinstein • http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/10/04/01016-20181004ARTFIG00355-un-an-apres-l-affaire-weinstein-ce-qui-a-change-entre-les-hommes-et-les-femmes.php • https://www.20minutes.fr/societe/2634183-20191025-feminisme-guerre-contre-hommes-contre-domination-masculine-selon-victoire-tuaillon • Le Monde « Le toujours très difficile traitement des plaintes pour violences sexuelles »

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