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Julie G.

Oralisme dans l'histoire des sourds


La révolution sourde commence depuis le début du XXème siècles, elle consiste à faire valoir les droits des personnes sourds-muets et malentendantes à avoir droit au bilinguisme et à rencontrer d'autres personnes ayant les mêmes handicaps, à diffuser la culture sourde, à avoir plus de traduction en langage des signes,. ou par exemple avec des sous-titres cohérents, c'est-à-dire non-automatique sur YouTube. A valoriser cette langue pour tous dans les petites classes, en primaire notamment car elle permet de favoriser les échanges plus tôt qu'avec une langue classique. Et elle leurs apprend à écouter et à être silencieux pour mieux retenir, ce qui est bien plus important qu'entendre. A sensibiliser le grand public sur les problèmes et les solutions qu'apporte les personnes sourdes, à mieux les intégrer en société et mieux les valoriser. Par exemple connaître l'histoire française des sourds, permet de comprendre pourquoi on enseigne moins la langue des signes qu'avant, qu'elle reste rare avec l'avancé de la technologie. Mais comment débute-elle ? Pourquoi cette révolution ? Quel rapport avec l'oralisme ? Si je vous dit qu'on enseigne la langue des signes aux personnes sourds-muets et malentendantes. ça semble logique et universel, n'est-ce pas ? Mais pas toujours en France et voici pourquoi :


La dernière partie de cet article sera consacré à mon ressenti, notamment avec les langues étrangères, que je recommande à mes professeurs de langues qui m'ont accompagnées dans ma scolarité dans l'établissement car il y a un lien très fort avec le problème français de l'oralisme, je suis à peu près sûr d'apprendre des choses à mes lecteurs, car même le correcteur d'orthographe automatique ne reconnait pas l'oralisme, preuve qu'il y a un réel besoin d'information sur le sujet.



Tout d’abord des définitions et un peu d’histoire : l’oralisme, c’est une méthode d’enseignement qui vise à apprendre à s’exprimer à l’oral. Pour l‘apprendre, la personne touche par exemple les lèvres pour pouvoir l’imiter et réussir à parler. La communication totale est l’utilisation du langage des signes et de l’oral en même temps. Elle est souvent complétée avec le langage parlé complété, LPC. Cette technique nous intéresse particulièrement pour les sourds et malentendants. Mais pour s’exprimer, ces personnes signent avec le langage des signes. Celle-ci est diffusée en masse par L’abbé de l’Epé en 1760. On pourrait lui reprocher d'avoir voulu rapprocher la syntaxe de la langue française avec celle de la langue des signes. Il n'est pas le créateur de la langue des signes, mais il est le premier à avoir créé des classes pour l'apprendre. Elle avait déjà été enseignée au début du 16ème siècle à la noblesse, par le précepteur Pedro Ponce de Leon. Mais il rencontre des opposants et partisans de l’oralisme, comme par exemple J-R Péreine. L’Abbé pense que l’acquisition du langage oral chez les sourds et malentendants est très difficile et long. L’effet serait un ralentissement dans l’apprentissage des autres connaissances. Certaines personnes militeront par exemple contre le mariage des personnes sourdes. L’oralisme est alors abandonné. Il est inscrit à la faculté de médecine en 1800 et il revient en force en 1880 et prend le dessus sur la langue des signes (leurs enseignements était combiné). Il faut savoir que la langue des signes a existé avant l'oralisme de 1800. Il y eu une trêve de l'oralisme entre 1760 et 1800, puis de 1991 à nos jours. (tableau de l'abbé de l'épé).



La langue des signes fût “interdite dans toutes les écoles spécialisées”. Durant près de cent ans, ce fût la seul méthode employée : l'oralisme, suivant le congrès de Milan qui a eut lieu en 1880. C’est le troisième congrès international pour l’amélioration du sort des sourds, qui n’a pas de valeur exécutive, mais qui signera l’entrée de l’oralisme dans les pays européens. Seul les pays Anglo-saxons défendent le langage des signes. Dans cette assemblée, il y avait 225 participants, dont 3 sourds seulement: James Dension et 2 français, Joseph Théobald et Claudius Forestier. Mais surtout, aucune traduction en langue des signes leurs était proposée, il n’y avait pas d’interprète alors qu’il y avait des traductions dans les autres langues, comme l’italien, l’allemand... On comprend qu’il y avait une haine, un refus ancré du langage des signes, car c’était un acte volontaire, . Le résultat de la réunion, certains veulent garder la langue des signes uniquement pour les premières années de scolarisation des personnes sourdes, d’autres uniquement pour les professeurs, quand certains voulaient complètement l’abolir. La loi d’obligation d’instruction a été votée en Italie, et les institutions sont sous pression. C’est ce qu’on peut appeler sans mauvais jeu de mot, un dialogue de sourd ! ils ne manquaient pas de moyen et connaissait le langage des signes, seulement il la détestaient et avaient une vraie haine pour ce langage.



Ils considèrent l’articulation supérieure à la langue des signes, et que celle-ci ne pouvait que gêner l’apprentissage de l’oralisme avec des gestes. Ils voulaient prôner la “déduction” et “l’intuition”. Des tests ont été menés et ils ont été concluants. L’âge idéal pour mettre son enfant sourd muet à l’école est entre 8 et 10 ans et la durée de l’apprentissage est de 8 ans. l'oralisme doit être enseigné dans une classe de petit effectif. D'après eux la langue des signes n'en était pas une, et elle ne permettait pas de communiquer avec Dieu, c'était un de leur argument.


En France, le ministre de l’intérieur fait appliquer ces considérations sur tout le territoire. Le langage des signes est alors interdit dès 1879. Par exemple, les professeurs sourds sont renvoyés, ou licenciés car jugés inaptes à enseigner l’oralisme. Les sourds et malentendants, n’ont plus de cours de langage des signes. Pour la plupart, l’oralisme est un frein à l’apprentissage, voire bloque complètement l’accès au langage tout court et à la communication. Certains professeurs minoritaires, dès 1900, comprennent qu’on ne peut empêcher les sourds de signer, mais ce n'est pas le cas pour la majorité des classes. C’était illégal, on pouvait être puni, avoir des heures de colle, renvoyer en cas d’emploi du langage des signes, alors elle se pratique en cachette, comme par exemple sur les terrains de sports.



Dès 1980, il y a le "réveil sourd" , une sorte de révolution des sourds qui veulent se faire entendre et faire valoir leurs droits, théorisé par le linguiste William Stochoe, les médias vont s'intéresser au problème de l'oralisme. En 1970 est créé IVT (international visual theatre), c'est à la fois un théâtre, un centre de formation, et une maison d'édition en faveur de la langue des signes. En 1991, la France reconnaît officiellement le droit aux bilinguismes aux sourds-malentendants grâce à la loi Fabius, ce qui permet aux parents de choisir une langue entre l’oralisme et le langage des signes. La loi du 11 février 2005 à mis fin officiellement à l’obligation de l’enseignement de l’oralisme dans l’éducation des sourds-muets. La langue des signes est enfin reconnue à la même valeur que les autres, et son apprentissage est un droit pour les personnes sourdes-muettes et une personne lambda doit pouvoir bénéficier d’un apprentissage de la langue des signes dans “n’importe quel établissement français”. Elle peut être choisie comme épreuve optionnelle aux examens et concours, y compris ceux de la formation professionnelle”. Dans celui où je publie l’article, dans le lycée où je suis, cette option n'est pas proposée, bien que situé en France. Les établissements qui proposent cette option ou matière sont rares. Et on ne m'a jamais parlé de la possibilité de changer de LV2, mais seulement à la fin de ma terminal quelque mois avant le bac. Il est possible de passer le BAC en candidat libre, avec option langue des signes comme c'est le cas pour certains élèves pour d'autres langues. (application à revoir). En 2019 a eu lieu une exposition au Panthéon, du 16 juin au 6 octobre intitulé "L'histoire silencieuse des sourds du moyen-âge à nos jours" (dommage, je l'ai raté) avec la participation de l'IVT dont les dirigeants sont les artistes Emmanuelle Laborit et Jennifer Lesage-David. Voici un exemple du théâtre de l'IVT, sur Le petit prince, je ne l'ai pas vu, mais les costumiers sont talentueux. En plus du théâtre, on y trouvait une section des écrivains sourds, avec des titres comme Le théorème de la chaussette, Ma parole, Une clé sur le monde, Inouïs, Parole de sourds ainsi que des livres de pédagogies, des documentaires, des poèmes en langue des signes et de la littérature en tout genre.




Aujourd’hui il est conseillé de combiner les deux langages, de commencer par le langage des signes, pour installer une communication rapide, puis instaurer l’oralisme. Pour faire écho à l'actualité et à l'épidémie de coronavirus, les débats importants du journal télévisé sont traduit en langage des signes, ce qui était inconcevable avant. La reconnaissance du langage des signes comme les autres langues, ne date pourtant pas d’hier, et ne dépend pas d’une question de modernité ou d’ouverture des mœurs. La preuve, Descartes, que nous avons vu dans sa Lettre au Marquis de Newcastle propose sa vision du langage, dont voici un extrait :


Il n’y a aucune de nos actions extérieures, qui puisse assurer ceux qui les examinent, que notre corps n’est pas seulement une machine qui se remue de soi-même, mais qu’il y a aussi en lui une âme qui a des pensées, excepté les paroles ou autres signes faits à propos des sujets qui se présentent, sans se rapporter à aucune passion. Je dis les paroles ou autres signes parce que les muets se servent de signes en même façon que nous de la voix ; et que ces signes soient à propos, pour exclure le parler des perroquets, sans exclure celui des fous, qui ne laisse pas d’être à propos des sujets qui se présentent, bien qu’il ne suive pas la raison ; et j’ajoute que ces paroles ou signes ne doivent se rapporter à aucune passions, pour exclure non-seulement les cris de joie ou de tristesse, et semblables, mais aussi tout ce qui peut être enseigné aux animaux ; car si on apprend à une pie à dire bonjour à sa maîtresse, quand elle la voit arriver, ce ne peut être qu’en faisant la prolation de cette parole devienne le mouvement de quelques de ces passions ; à savoir, ce sera un mouvement de l’espérance qu’elle a de manger, si l’on a toujours accoutumé de lui donner quelque friandise, lorsqu'elle l’a dit ; et ainsi toutes les choses qu’on fait faire aux chiens, aux chevaux et aux singes, ne sont que des mouvements de leur crainte, de leur espérance, de leur joie, en sorte qu’ils peuvent faire sans aucune pensée. Or, il est, il me semble, fort remarquable que la parole ainsi définie, ne convient qu’à l’homme seul. Car, bien que Montaigne et Charron aient dit qu’il y a plus de différence d’homme à homme que d’homme à bête, il ne s’est toutefois jamais trouvé aucune bête si parfaite, qu’elle ait usée de quelque signe, pour faire entendre à d’autres animaux quelque chose qui n’eut point à ses passions ; et il n’y a point d’homme si parfait, qu’il en use ; en sorte que ceux qui sont sourds et muets, inventent des signes particuliers, par lesquels ils s’expriment leurs pensées. Ce qui me semble un très fort argument pour prouver que ce qui fait que les bêtes ne parlent point comme nous, et qu’elles n’ont aucune pensée, et non point que les organes leurs manquent. Et on ne peut dire qu’elles parlent entre elles mais que nous ne les entendons pas ; car, comme les chiens et quelques autres animaux nous expriment leurs passions, ils nous exprimeraient aussi bien leurs pensées, s’il en avaient.



Pour mieux comprendre ce texte, il faut savoir que Descartes est un philosophe qui parle à la manière d’un géomètre (more geometrico). A l’intérieur, il fait principalement la différence entre la communication animale, qui est composé de signal et certains signes, du langage humain. Il définit le langage humain comme “les paroles, ou autres signes faits à propos des sujets qui se présentent, sans se rapporter à aucune passion”. "Qui use de signes" renvoie à une signification abstraite, le signal comme un élément qui dicte une réaction concrète, le signe comme un élément symbolique qui renvoie à une signification abstraite, à un concept général, la communication animale comme un ensemble de signaux, c’est-à-dire d’éléments visant à transmettre des informations liées à la survie, qui dictent un comportement concret. Et quel rapport, me diriez-vous avec l’oralisme ? En fait c’est simple, Descartes dans sa conception du langage humain, inclut la parole des fous et le langage des signes, car il y a une pensée abstraite et complexe derrière ces signes. Pour un fou, ce qu’il dit est logique pour lui, nous n’arrivons juste pas à décoder leurs pensées. Et surtout pour le langage des signes, celui-ci est composé de signes, dans le sens philosophique de terme, d’où l’égalité entre les langages qui sera décrété en 2005. Si ce langage a été mit de côté, c’est sûrement parce qu'il est gestuel et dans l’imaginaire collectif devait se rapprocher des signaux émis par les animaux, la parole étant élevée comme l’unique moyen d’exercer le langage, car majoritaire. Pour aller plus loin dans le sujet, on pourrait imaginer que l’art est une autre forme de langage, plus difficile à décoder.



Descartes par sa lettre a inclut les sourds-muets, les handicapés et les fous, dans l’humanité (rien que ça), et ceux quelques centaines d’années en avance, ce qui règle notre problème avec la langue des signes, comme quoi, il fallait, juste réfléchir deux minutes pour comprendre. Comme Socrate avec sa citation "Si nous étions privés de langue et de voix, et que nous voulussions nous désigner mutuellement les choses, ne chercherions-nous pas à nous faire comprendre, comme les muets, au moyen des signes de la main, de la tête et de tout le corps ?". On pourrait discuter pendant des heures de la négligence qu’il faut pour prendre une décision sur une population, sans son consentement et sans l’inclure dans le débat, mais là l’origine de l’erreur est plus claire pour tout le monde (le non-respect des droits fondamentaux, comme celui de participer aux décisions qui nous concernent). Mais tout le monde peut manquer de lumière, même chez les philosophes, comme Aristote qui disait que les personnes sourdes étaient irrémédiablement inéducable. Ou Platon avec sa citation " celui qui ne parle pas, ne peut pas penser".


(Platon et Aristote dans le célèbre tableau, l'école d'Athènes)



Voilà pourquoi, l’oralisme est très mal vu par la communauté sourde historiquement et que c’est un traumatisme pour la population qui peut transmettre l’idée que l’utilisation du langage des signes est dégradante. Comme en témoigne le roman autobiographique le Cri de la mouette (1992) d’Emmanuel Laborit, l’interdiction du langage des signes, a fait bouillonner la colère d’une adolescente sourde profonde. Sa rébellion qui prend forme dans son titre avec le cri de la mouette, qui correspond aux seuls sons qu’elle peut produire malgré tout ces efforts. On comprend alors mieux pourquoi elle a mal digérée l’oralisme ambiant de son école. Elle raconte son début avec la détection de la surdité à 9 mois et le miracle qu’a été pour elle le langage des signes, quand elle avait 7 ans. Elle part à Washington pour découvrir comment vivent les sourds là-bas. Mais à 11 ans, le langage des signes est interdit dans sa classe, alors qu’elle le pratique pour communiquer avec sa famille, ses proches et ses camarades. La jeune fille devient révoltée, sort avec un ami sourd. A 13 elle décide de ne plus travailler, lassée par le système. Elle va à des fêtes, s’amuse à rater les couvres-feux, suit les mauvais conseils de ses amies, vole et manque de se faire arrêter. Le dialogue avec son père s’éteint quand il divorce. Elle enchaîne les fêtes, l’alcool, la drogue, avant de se résorber et sèche les cours. Elle parle du sida avec une communauté sourde, et exprime la chance qu'elle a de ne pas avoir eu cette maladie. Elle tente d’avoir son bac en vain. On lui propose un implant pour entendre, ce qu’elle refuse car elle s’aime comme elle est. Elle tente finalement de repasser son bac et l’obtient. Elle joue au théâtre dans Les enfants du silence, une pièce où une femme sourde tombe amoureuse d’un scientifique entendant, elle essaye de lui montrer le silence, mais n’y arrive pas. Elle refuse d’apprendre le langage parlé pour conserver son identité. Elle obtient un prix pour son rôle.



Ce que j’ai retenu de ce livre c’est une profonde colère, liée à l’interdiction d’utiliser le langage des signes, l’impossibilité à apprendre ces cours inadaptés, voir inutile où on l’oblige à rester. Elle parle, elle aussi de son identité sourde et du fait qu’on impose souvent à ces personnes le bruit, et les sons alors qu’elles vivent dans le silence. Que leur cerveau ne le supporte pas, car il perçoit tous les bruits comme des agressions, les plongent dans une peur permanente pour tout ce qui les entoure (et que ça ne disparaît pas forcément avec le temps, contrairement à ce qu’on peut penser). L’oralisme est imposé sans consentement de la part des principaux concernés, les sourds. Elle explique et montre que ceux qui l’enseignent n’avait aucune compassion pour leurs élèves. Par exemple, pour prouver que ces personnes pouvaient émettre des sons, leur professeur les poussaient dans l’eau froide pour prouver qu’en hurlant, ils utilisaient les sons, et que c'était une preuve qu'ils pouvaient parler comme tout le monde. Tout cela dans le but de les “normaliser”, de nier leur identité, pas de les aider.



Un autre film poétique, rempli de témoignages, existe, il s’appelle J’avancerais vers toi avec les yeux d’un sourd, film documentaire français sorti en 2015 réalisée par Laetitia Carton. Elle rend hommage à son ami Vincent, qui lui avait fait découvrir le langage des signes français et plus globalement, le monde des sourds. Elle film son reportage à l’école bilingue de Ramonville. Le titre provient de la chanson Quand j’aime une fois, j’aime pour toujours.”Il faut que les entendants acceptent le silence” dit l’un des personnages. Et vous l’aurez remarqué, le monde est de plus en plus bruyant avec les technologies récentes. Il n’est plus possible de rester une journée complète sans qu'un bruit humain qui vienne perturber celui de la nature en France et ce depuis 2015, les spécialistes n'arrive plus à entendre la nature. Par exemple, plus généralement il est difficile d’obtenir le silence dans une salle de cours, les élèves savent entendre, mais pas écouter. Souvent, les entendants ont peur du silence et le comble de toute les manières, alors que ça n’a rien de négatif. Elle montre un combats que les sourds, qu'ils livrent depuis des générations, être écoutés et respectés en temps qu’adulte responsable et libre de choisir leurs langues. Et dans ce film on comprend et on voit des sourds privés de langages des signes et de contact avec les autres sourds, avoir des difficultés à s’exprimer à l’oral en 2016, comme Sandrine. Stéphane qui doit s’occuper d’un de ses enfants sourds et l’autre entendant. Elle montre l’aspect militant des personnes sourdes et de leurs entourages. Vincent participait à un groupe de théâtre. L’on arrive à percevoir les spécificités de cette langue, un même geste à une signification différentes selon l’émotion et l’expression facial d’une personne, c’est presque une danse. On comprend alors qu’il n’y a pas de substitut à celle-ci, qu’une langue orale ne peut la remplacer. Elle a une littérature, une culture comme toute les autres langues qui mérite d’être étudiée en dehors du cadre professionnel qui vise à l’enseigner elle-même. C'est faire la différence entre un professeur de français dont le but est d'enseigner la langue, et un professeur de littérature française qui étudie la littérature française. La langue des signes impose au regard, une attention bien plus importante pour celui qui regarde qu’avec des mots. Par exemple certains mots changent de signification en fonction de l'émotion du visage.


Dans ce film on dénonce aussi l’hypocrisie moderne, l’idée qu’avoir l’évolution de la technique, des avancées scientifiques qui “transformeront” les sourds/malentendant en personnes normales et souvent en négligeant les résultats et les conséquences que cela apporte..qui sont plus favorables à des solutions de “réparation” avec un implant cochléaire par exemple. A noter que c'est une invention géniale, loin de dire le contraire, mais elle modifie les sons, de manière mécanique, différente, plus qu'un appareil auditif. Il faut donc bien choisir avant d'en installer, car c'est irréversible. (et le cerveau, au-delà de la volonté de la personne, peut ne pas s'adapter). Aujourd’hui une infime partie des enfants sourds et malentendants bénéficient de cours de langage des signes, bien que celle-ci est une syntaxe, une grammaire, une littérature/culture, même en 2020, même pour les sourds profonds. C'est ce qui m'a d'ailleurs frapper moi-même quand j'ai lu et vu le manga Silent Voice de Yoshitoki Oima. Shoko le personnage principal bénéficiait du langage des signes en étant malentendante, alors que moi, française, non. Elle n'a certes pas les même difficultés à communiquer que moi, mais elle en a eu, celle-ci finira par se faire harceler par ses camarades de classe (je ne dirais pas la suite pour ceux qui veulent lire le manga). C'est ce sentiment particulier qui m'envahit quand un ami tente de me parler en langage des signes en croyant bien faire, je me vois dans l'obligation de lui dire qu'on a jamais jugé utile de m'enseigner le langage des signes. Ces cours de langue, maternelle pour certains, sont réduit à des options avec moins de temps pour l’étudier. Aujourd’hui, quand je demande à avoir des cours en langue des signes, on me fait comprendre de manière sous-jacente que c’est un “privilège”, car les professeurs qui l’enseignent sont peu nombreux, ou que c’est à moi d’aller dans un établissement spécialisé pour ça. Mais ai-je mal lu la loi ? A ce que je sache l’apprentissage de cette langue en tant que tel est un droit, pas un privilège. En fait il est impossible de me l'apprendre dans mon établissement, mais le droit indique que oui. Et ce n’est pas une langue dans laquelle on se repli sur la communauté sourde et dont l'apprentissage déboucherait uniquement sur son enseignement aux autres. De la même manière on retrouve chez des parents l'obsession de ne pas enseigner la langue des signes à leurs enfants, on peut facilement imaginer ce qui se passe dans leurs têtes, même s'ils ne veulent pas se l'avouer. " Ma fille n'apprendra jamais la langue des sourds-muets, elle n'en rencontrera pas, comme ça, elle ne sera pas handicapée" ou "ce n'est pas utile pour elle", alors qu'ils sont dans l’incapacité de le savoir, un déni de la situation de l'enfant ne l'aide malheureusement pas, même si il est accompagné de toutes les meilleurs intentions du monde. Dans l'idéal, il faudrait laisser l'enfant choisir, mais souvent de part le handicap qui influe fortement la communication en tout genre, c'est difficile de savoir si ses libertés sont respectées, logiquement.


Un autre film français, plus connu et plus populaire est sorti en 2014. Je veux parler évidemment de La famille Bélier, réalisé par Eric Lartigau. L’actrice Louane Emera reçoit l’oscar du meilleur espoir féminin, c’est une chanteuse qui a participé à the Voice 2013. Ce film est inspiré d’un livre autobiographique de Victoria Bedos

« Les mots qu’on ne dit pas », qui a co-écrit le scénario, cette personne entendante est né dans une famille de sourds profonds. On s’en souvient notamment pour la chanson de la fin durant les auditions de Louane dans « Je vole ». Le résumé, une famille composée de Rodolphe Bélier et son épouse Gigi sont agriculteurs, ils ont un fils sourd qui finira par tomber amoureux de son professeur. Mais Paula la seule personne entendante, joue les interprètes pour aider sa famille à communiquer avec l’extérieur, quand elle est repérée par radio-France pour sa voix. Mais ses parents ne comprennent pas, car ils n’entende pas. Il y a par exemple une scène où le père tâte son coup et finit par comprendre qu’elle utilise sa voix. Pendant ce temps-là, le père mécontent du maire décide de se présenter aux élections du village. La scène finale se conclut à la sélection de Louane devant un jury où elle traduit sa chanson en langue des signes avec ces mains. D’après certain critique ce ne serait pas un « mélo-drame » ou le handicap est mal traité car ce n’est pas le sujet du film. Personnellement je n’ai pas aimée le film, car il y avait trop de clichés.



L’oralisme peut provoquer un retard de la communication, de l’apprentissage et du langage, si la personne n’arrive pas à l’apprendre et qu’il est mal enseigné. Mais à quoi ressemble un monde sans langage me diriez-vous ? Nous allons voir ça tout de suite avec un autre livre qui me touche énormément Sourde, muette et aveugle d’Helen Keller (1880-1968), qui est, comme son titre l’indique, handicapée, suite à une maladie, elle y décrit son apprentissage avec son éducatrice Ann. La période avant le langage est un “non-monde”, un univers noir et silencieux, sans langage et pensée. Ann qui est diplômé de l’école d’aveugle de Perkins, lui fait toucher des choses d’une main et sur la paume de l’autre lui fait des signes avec un alphabet particulier. Je vais mettre l’extrait où Helen comprend enfin la portée symbolique des mots, où elle comprend le langage. Le soir même elle apprend 30 mots, et en 6 mois 600. Elle devient écrivain, milite pour le droit des femmes, la paix et apporte de l’espoir aux vétérans de guerre qui ont perdu la vue et elle est la première personne sourde a être diplômée d’Harvard.


“Nous descendîmes le sentier qui menait au puits, attirés par le parfum répandu dans l’air ambiant par le chèvrefeuille qui formait un dôme au-dessus du puits. Quelqu’un était précisément occupé à tirer de l’eau, et mon institutrice me plaça la main sous le jet de seau qu’on vidait. Tandis que je goûtais la sensation de cette eau fraîche, Miss Sullivan traça dans ma main restée libre le mot eau, d’abord lentement, puis plus vite. Je restais immobile, toute mon attention concentrée sur les mouvements de ses doigts. Soudain il me vint un souvenir imprécis comme de quelque chose depuis longtemps oublié et, d’un seul coup, le mystère du langage me fut révélé. Je savais maintenant que e-a-u désignait cette chose de frais qui coulait dans ma main. Ce mot avait une vie, il faisait la lumière dans mon esprit qu’il libérait en le remplissant de joie et d’espérance. Il me restait bien des obstacles à franchir, il est vrai, mais j’étais pénétrée de cette conviction qu’avec le temps j’y parviendrais. Je quittai le puits, pleine d’ardeur à l’étude. Tout objet avait un nom, et tout nom provoquait une pensée nouvelle. Tout ce que je touchais sur le chemin de la maison, me semblait palpiter de vie : c’est que maintenant je voyais les choses extérieures sous un aspect nouveau.”


Il faut comprendre qu’Helen Keller a eu beaucoup de chance, d’avoir Ann comme professeur dévouée. Plus tard on apprendra que sa professeur a été privée d’éducation jusqu’à 14 ans à cause de sa maladie qui affecte ses yeux. Elle vivra avec un enfant qui lui ressemble qui va être comme une vraie famille, un petit frère pour elle. Mais il va mourir de maladie, décidée à ce que plus personne ne soit dans le même cas qu’elle, elle se dévouera cœur et âme pour son élève, en lui traduisant tous ses livres en braille et ceux jusqu’à en perdre la vision, la vue. On imagine très facilement si des oralistes étaient passés par là, la catastrophe que ça aurait été pour Helen, mais en réalité leur verdict tombe très vite pour eux : “on ne peut plus rien faire pour elle”. Elle tentera de parler à l’oral d’elle-même, c’est un échec cuisant malgré tout son travail sa voix est difficilement compréhensible, c’est dû au fait qu’elle est aveugle. Voilà pourquoi il est primordial que le média (langue des signes, paroles, signes) ne fasse pas obstacle au langage lui-même, car cela revient à une destruction simple de la pensée pour la personne concernée. Un retard qui ne peut être compensée après, car la plasticité cérébrale n’est très flexible que sur un court laps de temps de 1 à 12 ans, puis jusqu’à 25 ans, passé cette date “limite” si on veut, les connections neuronales se détériorent, au fur et à mesure que l’on vieillit. Et comme disait Victor Hugo “Qu’importe la surdité de l’oreille quand l’esprit entend ? La seule surdité, la vrai surdité, la surdité incurable, c’est celle de l’intelligence.” C’est pourquoi je ne peux me permettre de perdre mon temps, mon intelligence sur des matières scolaires non-désirées et non-productives dans mon cas, comme les langues étrangères.





Voilà pour la partie ancienne de l’oralisme, mais aujourd’hui, cette discipline est bien mieux enseigner qu’avant. Mais, parce qu’il y a un mais, je vais un peu parler de moi du coup. Je suis malentendante, j’ai été appareillée à 7 ans car j’ai été dépistée en retard à cause de ma grande prématurité et j’ai eu du retard de langage presque exactement comme Helen Keller. Comme j’arrive à attendre, on m’a appris le français que j’ai dû l’apprendre par cœur, un peu comme une langue étrangère, sauf que c’est celle de référence de mon esprit. On pourrait se dire que ce n’était pas nécessaire de m’apprendre le langage des signes, car ça pourrait rajouter une distance avec les autres, dans la mesure ou je maîtrisais le langage, sauf qu’à ce moment là, je me faisais harceler, donc ça n'aurait strictement rien changé pour moi. Mais passons, c’est pratique de savoir parler français. Sauf qu'une fois arrivée en 6ème, mon établissement scolaire fonctionne avec deux langues étrangères OBLIGATOIRES. Au primaire, ma récente construction du langage et la surabondance d’oral dans les cours m’avaient déjà fortement dégoûtée de toute langue étrangère, et l’intégralité des bases de la matière n’ont jamais été acquise. Par obligation, je choisis allemand LV1 et anglais LV2, mais les espoirs de la facilité de la prononciation de l’allemand s’écroule face à une grammaire intransigeante. Déjà dyslexique, dysorthographique et ayant des troubles de l’attention, ayant de sérieux problèmes en orthographe française, c’est totalement vain. Je finis par changer de LV1, mais mon niveau reste très faible, et ce n’est pas du tout une question de travail. Ma moyenne est à 7 et ne fais que chuter au fur et à mesure des années. Seul un enseignement spécialisé saurait me convenir, sauf que je suis obligé de rester dans ces cours, j'a déjà demandé à sortir de cours, on me l'a refuser, même si je n’ai qu'une fonction décorative, un peu comme un pot de fleur.



J’ai un aménagement qui stipule que je ne peux pas avoir d’oral de langue, je ne comprend rien du tout quand on me parle avec une langue étrangère. Mais attention, la maison des examens, considère que l’oral d’anglais est annulé, celui d’allemand, bien sûr, mais pas celui de littérature anglaise...Cela n’a aucun sens logique. Mais je ne comprends que très peu le langage étranger écrit, et c’est normal, mon cerveau n’a pas eu de son pendant longtemps, et n’a pas développé de capacité à apprendre d’autres langues. A mes yeux, ces langues étrangères sont des séries de chiffres et de lettre sans sens, pour la plupart des mots...qui je dois apprendre par cœur en les copiant, rien que cette année j’ai déjà fais 9 cahiers de copiage. Bref, je ressens le même sentiment que dans le Cri de la mouette, quand on lui impose l’oralisme, sauf que moi c’est avec les langues étrangères. Je n’ai pas les mêmes chance de réussir à les apprendre que les autres, cela n’est pas juste. Essayer de compter le nombre d’heures que j’ai passées à suivre ces cours...ça donne le vertige. Si je dois ABSOLUMENT apprendre une langue, quitte à ne jamais pouvoir l’utiliser en dehors des cours car c’est de ça dont on parle, c’est-à-dire sûrement pas dans mon futur travail, car je n'en suis pas neurologiquement capable, pourquoi ne pas m’enseigner le langage des signes (je me doute que c’est parce qu’il n’y a pas de professeur) ? Je suis donc obligée d’avoir le bac avec option anglais/allemand, même si en soi j’ai un niveau inférieur à celui d’un maternel. En plus le bac L est coefficient 4 aux langues, et j’ai choisis cette filière car je suis incapable neurologiquement de rester concentrer sur un calcul, finis le bac S, et j’ai horreur de l’économie, donc impossible d’ avoir le bac ES, mais j’adore la SVT et ai une grande culture scientifique par exemple. J’adore la lecture, la philosophie et l’art. Donc c’est très clairement un choix par obligation, car j’adore étudier, plus que manger, dormir, avoir des discussions, plus que tout en fait, hors de question de passer par un bac professionnel, car je veux faire des études très longues. Je viens de découvrir que dans mon établissement, on pouvait choisir une langue non-obligatoire en seconde après une demande du responsable de niveau, ce qui n'était évidement pas écrit sur le formulaire obligatoire à remplir. Nous ne sommes visiblement que peu nombreux à le savoir.


Une fois le bac, en poche je me faisais une joie d’enfin pouvoir avoir mon option langue des signes que je désir tant. Sauf que pour y accéder, je dois aller en licence d’humanité avec deux langues étrangères en option plus une langue morte OBLIGATOIRES, avant peut-être d’avoir l'option éventuel du langage des signes en troisième année de licence (on pourrait discuter pendant des heures de l’utilité de nommer “option”, ce qui n’en est pas mais on va raccourcir). Ce qui veut dire totalement impossible pour moi. Vous me direz mais quel est le problème ? Tu peux l’apprendre avec des associations, en prenant des cours en plus etc.. Sauf, que je souhaiterais, et la loi l’oblige, qu’elle soit en OPTION de la licence, autrement dit que les notes soient prises en compte dans l’évaluation de la licence, vous savez, “comme une langue normale” et pas comme un plus à ajouter sur un CV, mais comme une réelle langue étrangère qui compte dans les notes du barème. J’aurais enfin le sentiment d’atteindre ce qu’on appelle “l’égalité des chances” de me sentir à ma place, du point du vue de l’apprentissage d’une langue. Pour ma part, je ferais comme d'habitude je travaillerais hors cours, comme je le fais déjà depuis longtemps, évidemment ça ne se verra pas dans mes notes. Je pensais sincèrement avant de faire cet article que la langue des signes était réservée aux sourds profonds, et qu'il y avait bien une raison rationnel, on ne me lavait pas enseignée. Mais je me trompais, de ce fait je n'ai même pas chercher à l'apprendre, et même si je l'avais fais, comment aurai-je trouver le temps de l'apprendre ? ou de trouver un professeur pour me l'enseigner ? Une formation en ligne n'aurais pas fonctionné.. L'ignorance de mes propres droits est une preuve de l'oralisme ambiant, toujours présent en France, malgré la loi. Heureusement, je ne suis que malentendante, ce n'est pas à moi que cela porte le plus de préjudice..


Voilà pour l’énervement, ce que j’appelle la “rébellion” face à l’obligation d’apprendre des langues étrangères. Je tiens aussi à préciser que ce n'est pas l’établissement dans lequel je suis qui est responsable de cette situation, c’est le système français tout entier et leur mentalité issu d'un certain passé évoqué dans cet article. Je destine cet article à tous, mais également à mes professeurs de langues, auxquels je n'ai pas forcément pu m'expliquer de manière aussi claire que maintenant. Par exemple cela m'a énervé que des gens garde le cliché "les sourds ne peuvent pas parler" ou se permettent un jugement "cette personne sourde peut parler, et c'est mal qu'elle le fasse pas", réponse : c'est son choix, pas le tien. ou encore "elle refuse une prothèse ou un appareil auditif, elle crache sur les scientifique, et gâche nos efforts" réponse, gros scoop : c'est son choix. Ou encore "ceux qui ont un appareil ou les malentendants ne sont plus handicapés". C'est faux, car même si cela ne se voit pas, elles peuvent avoir des problèmes avec les sons, l'apprentissage d'une langue, de l'intolérance aux bruits, ou une hypersensibilité qui nécessite qu'on les aide. J'espère que c'est plus facile à comprendre...A toutes les personnes sourdes qui ont soufferts de l'intolérance des français de face à la langue des signes, et tous ceux qui veulent l'apprendre, il ne faudrait pas que le message tombe dans l'oreille d'un sourd (sans mauvais jeu de mot) : il ne faut pas que le langage des signes français disparaisse. D'autant plus que les écoles spécialisées pour sourds et malentendants qui enseigne la langue des signes disparaisssent purement et simplement en France. C'est un véritable génocide linguistinque qui se déroule sous nos yeux, on essaye de nous retirer notre identité, et c'est intolérable.

Liens et sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Congr%C3%A8s_de_Milan

https://fr.wikipedia.org/wiki/Oralisme

http://www.fnsf.org/etre-sourd/histoire-sourde/

https://fr.wikipedia.org/wiki/J'avancerai_vers_toi_avec_les_yeux_d'un_sourd

https://www.herodote.net/Providence_des_sourds-synthese-1764.php

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Michel_de_L%27%C3%89p%C3%A9e

https://www.offi.fr/expositions-musees/pantheon-2918/lhistoire-silencieuse-des-sourds-74335.html

http://blog.univ-angers.fr/langagesourdsmuets/tag/aristote/#.XnsrUdRKg2x

http://www.paris-pantheon.fr/Actualites/L-histoire-silencieuse-des-Sourds

http://ivt.fr/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes

https://ecriture-digitale.com/2018/01/10/elements-de-langage-service-de-lentreprise/ (image langage)

https://www.appareilauditif.biz/implant-cochleaire/

https://stock.adobe.com/lu_fr/search?k=cercle+vicieux

http://leblogdocumentaire.fr/javancerai-vers-toi-avec-les-yeux-dun-sourd-laetitia-carton-signe-un-film-comme-une-passerelle-entre-deux-mondes/

https://www.telerama.fr/cinema/films/la-famille-belier,493732.php

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Famille_B%C3%A9lier

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