Parasite : le film à succès
Grand gagnant des Oscars 2020, le film sud-coréen Parasite réalisé par Bong Joon-ho avec 4 oscars (meilleur film international, meilleur réalisateur, meilleur film en langue étrangère, et meilleur scénario original), est entré dans l’Histoire du cinéma. Après avoir été sacré à Cannes l’année précédente, cette année 2020 a permis au film de gagner en notoriété en plus d’amasser récompenses après récompenses. La Cérémonie des Oscars et le Festival de Cannes n’ont en effet pas manqué de décorer ce film des plus belles récompenses (dont la Palme d’Or) à l’honneur de cette production cinématographique. Parasite devient alors le premier film sud-coréen de l’Histoire à remporter la récompense de « meilleur film étranger » lors des Oscars.
[Cet article contient des spoilers]
Bong Joon-ho, réalisateur de Parasite lors d’une conférence de presse,
28 mai 2019, à Yongsan-gu (Séoul), par Kin Sunjoo
Parasite, sorti en 2019, nous plonge au cœur de cette pauvre famille sud-coréenne, les Ki-Taek qui ne possèdent rien, et qui se battent pour survivre. Ils manquent de nourriture, désespèrent à trouver un emploi stable, et le logis dans lequel ils vivent est délabré et infesté de parasites. Mais un jour l’espoir renaît lorsque Ki-Woo, le fils de la famille, par l’intervention d’une connaissance, se voit offrir l’opportunité d’enseigner l’anglais en tant que professeur dans la riche famille des Park. Une occasion que cette pauvre famille saisira en profitant de la naïveté de leur employeuse pour s’insinuer un à un dans son cadre de vie, et connaître la luxure des gens aisées. Ils devront pourtant faire face à leurs mensonges et à leurs actions, et se retrouveront dans une situation périlleuse qui leur coutera la vie à eux et à leur entourage.
Si le réalisateur Bong Joon-ho à réussir à conquérir de nombreux admirateurs pour ce film, il n’en est pas à son premier et s’ajoute à sa liste de films engagés. Il est en effet célèbre pour ses films à valeur morale, et ses films tirés d’histoires vraies.
Boong Joon-ho, en mélangeant horreur et comédie noire, arrive à transmettre par des scènes cultes et riches, un message. Riche ou pauvre, dans cette histoire la question n’est pas de savoir qui sont les « méchants et les gentils », mais bien d’aller au-delà de cet aspect et d’analyser les rapports qui distinguent ces corps sociaux. Un naturalisme, qui vise à dénoncer les travers d’une société dans lesquels les plus pauvres n’ont d’autres moyens que de survivre. Une survie qui ne peut être assurée qu’en détournant le jeu des normes sociales, dans un monde dominé par la loi de l’offre et non celle de la demande, au détriment des classes sociales inférieures. Le réalisateur met alors en lumière une lutte de concurrence au sein d’un même composé social, entre plus démunis, dans une société où les chances de s’adapter ne sont possibles que pour un nombre limité d’individus. Tous les moyens sont alors envisageables, par ces populations, pour s’accorder l’espoir d’y arriver.
Outre cet aspect critique, Parasite exploite également les inégalités sociales et les comportements qui persistent entre ces deux classes opposées. Des inégalités indirectement représentées dans le film, par la maison en hauteur des Park et celle souterraine des Ki-Taek, à l’orage qui inonde leur appartement et qui empêche les Park de faire du camping. Des aspects de gravités antithétiques selon ses deux familles que l’on retrouve également lorsque les Park se prélassent sur leur divan tandis que les Ki-Taek se retrouvent à la rue, sans domicile. C’est de par ses inégalités, que le réalisateur en vient également à dénoncer les personnes au rang social élevé, qui vivent dans l’ignorance des classes inférieures, menant à une isolation sociale des pauvres illustrée par Geun-sae (le mari de l’ancienne bonne des Park), alors instable. Une insouciance exposée lorsque la fille Ki-Taek est sauvagement poignardée lors d’une fête, sans que ses employeurs ou les invités ne s’en soucient ; témoignant de leur indifférence à l’égard des employés. Une forte opposition avec Geun-sae qui sur le point de perdre la vie, cri « Respect ! » à Dong-ik, son employeur, lui prouvant sa fidélité et sa gratitude même lors de ses derniers instants.
Une critique qui touche à l’universalité de ces classes, dans laquelle les riches vivent aisément dans l’inconscience d’être en partie responsable d’inégalités constantes avec les populations en bas de l’échelle sociale, ceux qui construisent leurs infrastructures et nourrissent leurs familles.
Parasite s’affirme ainsi en tant que film politiquement et socialement puissant. Un film qui pousse à la réflexion et à la remise en question d’une société et de ses composants sociaux. Mais Parasite a également su se démarquer grâce à son jeu d’acteur et à la fluidité de ses scènes, devenues cultes. Des scènes aussi haletantes que cruelles, qu’émouvantes et mélancoliques, mises en scène par cette production cinématographique de manière minutieuse et profonde.
Un film dans lequel les téléspectateurs sont plongés dans le cercle vicieux de l’angoisse et de l’empathie.
Source image :
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