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Timothé C.

Biographie d’Arthur Conan Doyle


Si je vous demande de citer un détective célèbre, votre réponse sera sûrement Sherlock Holmes, le personnage le plus connu de l’écrivain Arthur Conan Doyle. Pourtant, il n’avait pas prévu une telle fascination pour les aventures du détective et de John Watson. Comme beaucoup d’auteurs ayant accouché d’un chef d'œuvre, il s’est retrouvé enfermé par celle-ci. Et cela se traduit trop souvent par un oubli des autres accomplissements de la personne. Dans cet article, je vais vous raconter l’incroyable vie d’Arthur Conan Doyle, un aventurier qui voyageait partout sur Terre et dans l’imaginaire.


L’écrivain est né le 22 mai 1859 à Édimbourg, en Écosse. On l’appelait Arthur Doyle, il n’a rajouté que plus tard son troisième prénom en tant que partie de son patronyme. Arthur est le deuxième enfant de la famille, qui est relativement aisée. Son père, Charles, était illustrateur pour différents journaux et sa mère, Mary, contait des histoires aux enfants, Conan Doyle échangera beaucoup avec elle durant toute sa vie.

À 10 ans, Arthur part en Angleterre pour ses études. Il passera 7 ans dans une école jésuite où il sera battu, comme souvent à l’époque. Il n’est pas encore question de devenir écrivain, enfant il n’avait écrit que quelques courts récits, surtout pour les illustrer comme le faisait son père. Non, Arthur est plus attiré par la médecine.


Ainsi, il revient en Écosse pour étudier à l’Université de médecine d’Edimbourg. Il s’y complaira bien plus, et certains de ses professeurs seront des inspirations pour des futurs personnages de romans. Pour Sherlock Holmes, c’était le professeur Joseph Bell, qu’on remarquait pour sa démarche analytique et ses capacités de déduction.


Il décide de se former pour devenir chirurgien. Dans le même temps, il commence à écrire quelques histoires qui ont du succès parmi les universitaires, dont certaines seront publiées dans le London Society, un journal londonien qui n’existe plus aujourd’hui.

Mais en 1880, Arthur a 20 ans, il est invité pour ses capacités de médecine à une chasse à la baleine dans l’Océan Arctique. C’est à bord du Hope, en compagnie du pêcheur de baleine John Gray, qu’il fera ce voyage en tant que chef chirurgien. Un voyage de près d’un an qui lui laissera un souvenir impérissable.

Une fois revenu, Arthur continue ses études et obtient son diplôme de médecine en 1881. L’écriture devient une motivation de plus en plus grande, mais ses premiers grands succès attendront un autre voyage en mer : il accepte un poste de médecin de bord sur le Mayumba, pour un voyage en Afrique de l’Ouest. Cette fois, il y a plus de péripéties pour l’équipage : des incendies sur le bateau, des tempêtes, beaucoup de malades. Arthur décide de ne pas prendre un poste permanent sur le bateau, et il va pour quelques temps arrêter de voyager.


Il ouvre un petit cabinet de consultation à Southsea, qui n’est pas trop fréquenté, il a donc du temps pour écrire.

En 1885, il épouse Louisa Hawkins, la sœur d’un de ses patients. Louisa est née en 1857 et était veuve, elle avait deux enfants avant de se marier avec Arthur. L’année suivante, Arthur écrit A Study in Scarlet, ou Une Étude en Rouge en français. Cette nouvelle marque le lancement de la carrière de grand auteur de Doyle mais aussi la première apparition de Sherlock Holmes et du Dr John Watson. La nouvelle se découpe en 2 parties : la première explique la rencontre entre Holmes et Watson, l’enquête qu’ils mènent et se finit sur Holmes qui menotte de façon apparemment inexplicable un chauffeur de taxi qu’il avait appelé. La seconde montre l’histoire du chauffeur et pourquoi il était le coupable. Le récit sera publié en 1887 dans le Beeton’s Xmas Annual, un an plus tard.

Énorme succès, la nouvelle est bien accueillie partout en tant que fiction littéraire, d’un style très nouveau. Pourtant, Arthur ne la voyait que comme gagne-pain. Il se concentrait aussi sur des romans historiques, considérés comme plus sérieux, avec par exemple Micah Clarke publié en 1889. Ce roman rencontra certes un bon accueil, mais aujourd’hui est bien moins connu que les récits sur Sherlock Holmes.


Doyle passe de plus en plus de temps consacré à l’écriture, il écrit The Mystery of Cloomber, un conte parlant de 3 bouddhistes et de l’après-vie qui montre la passion grandissante de l’écrivain pour le spiritualisme.

Il écrit encore plusieurs courtes histoires sur les aventures de Sherlock Holmes et du Dr Watson, puis il publie une deuxième nouvelle après avoir discuté avec Oscar Wilde, écrivain déjà bien connu. C’est lors d’un dîner avec quelques artistes et auteurs en 1890 à Londres que Doyle et Wilde se rencontrèrent. Wilde annonça qu’il avait lu et apprécié Micah Clarke, ce qui a aidé Arthur à se sentir bien intégré parmi les auteurs de l’époque. Suite à cet échange, les deux écrivains se sont promis d’écrire une histoire pour le Lippincott’s Magazine. Doyle écrit pour cette occasion une nouvelle faisant paraître une nouvelle fois Sherlock, The Sign of Four, et Wilde écrit de son côté The Picture of Dorian Gray.


De 1890 à 1893, Conan sera très occupé par la naissance de sa fille Mary en 1890, des voyages à travers l’Europe pour s’aider à écrire des récits de Sherlock, des romans plus sérieux et des romans spiritualistes. En plus de l’écriture et de sa famille, Arthur garde son travail de médecin et ouvre un cabinet à Vienne. Mais il réalisa assez vite qu’il ne pouvait pas combiner vie de médecin et d’écrivain et consacra tout son temps à l’écriture, étant devenu assez populaire pour pouvoir en vivre.


En 1892, son fils Kingsley voit le jour. L’année suivante, l’auteur commence à vouloir se débarrasser de son héros le plus notoire pour consacrer plus de temps à d’autres récits.

C’est lors d’un voyage en Suisse, plus précisément aux chutes de Reichenbach, qu’il trouve l’endroit parfait pour marquer la fin de Sherlock. Il introduit un ennemi si dangereux, le professeur Moriarty, que se débarrasser de lui marquerait la consécration de toute la vie de Holmes. Sherlock meurt en tombant dans les chutes de Reichenbach, emportant Moriarty avec lui dans la courte histoire The Final Problem publiée en 1893.

C’est une grande déception pour de nombreux admirateurs de Sherlock : ils annulent en masse leurs abonnements au The Strand Magazine qui a publié cette dernière histoire. Mais Arthur reste parfaitement catégorique sur le sujet : ces récits ne faisaient que le distraire.


Il continue sa vie d’écrivain en voyageant dans le monde, cherchant l’inspiration pour ses histoires. Il a rejoint la même année la Society for Psychical Research qui s’intéresse aux phénomènes paranormaux. 1893 était une année très difficile pour Arthur, sa femme Louisa fut diagnostiquée pour la tuberculose et son père Charles Doyle mourut à l’hôpital psychiatrique dans lequel on l’avait envoyé.

Cela n’empêcha pas Doyle de continuer à travailler et voyager : en 1894, il partit aux États-Unis pour parler de sa vie d’auteur et en 1896, il fit un voyage en Égypte avec ses deux enfants et sa femme qui survivait assez miraculeusement vu son état.


Quand la seconde guerre des Boers éclata en 1899, Doyle décida de participer en tant que médecin militaire. Les bruits des canons rythment ses journées. Des journées chargées, être médecin signifiait se battre sans relâche contre les maladies, notamment une épidémie qui a cloué bien plus de personnes que ce dont les médecins étaient capables de s’occuper. Fort heureusement, le nombre de morts était très bas compte tenu des capacités de l’époque.


Il écrit The Great Boer War en 1900 et relate ce qu’il a vécu. Il publie aussi un pamphlet dont il était très fier pour expliquer le rôle et les raisons de l’implication du Royaume-Uni dans cette guerre, quand l’Europe pointait son comportement.


Ce n’est pas ici que s’arrête son engagement dans la politique. Il se présente aux élections de 1900 à l'Edinburgh Central auxquelles il perd de justesse, battu par George Mackenzie Brown, qui publiait ses livres.





Il continua donc à voyager et à écrire. En 1902, suite à un voyage à Dartmoor dans le Devon, il publie The Hound of the Baskervilles, sa nouvelle qui sera la plus reprise au cinéma, dans les séries, ou encore au théâtre. Cette nouvelle marque un retour de Sherlock, mais l’histoire est racontée comme s’étant passée avant sa mort. Pas encore de résurrection pour l’immortel détective.

Ayant aidé son pays, d’abord en participant à la guerre, puis en s’engageant à travers ses écrits pour l’Angleterre, le roi lui-même, Edward VII, le fait chevalier cette même année. On raconte que le roi, qui était un grand fan des aventures de Sherlock Holmes, l’aurait encouragé à écrire de nouvelles histoires. Et cela ne tarda pas : en 1903, Doyle publia The Return of Sherlock Holmes. Après 10 ans d’absence, les fans se ravirent du retour du détective. Mais ce n’était probablement pas par forte envie personnelle, dans ses mémoires “Memories and Adventures”, il ne le mentionne pas.


Cependant, Doyle a aussi d’autre préoccupations plus personnelles : sa femme Louisa meurt en 1906, le 4 juillet, après une longue bataille contre la tuberculose. Et un an plus tard, en 1907, il se remarie avec Jean Leckie, avec qui il avait déjà une relation depuis plusieurs années.

Doyle continue de publier ses récits, il refait quelques tentatives en politique, sans grand succès.

Il a 3 enfants avec Jean Leckie : Denis en 1909, Adrian en 1910 puis Jean en 1912.

Cette même année, il publie une nouvelle introduisant son second héros le plus connu : le professeur Challenger dans The Lost World.


Challenger est dans sa personnalité l’opposé de Holmes : drôle, aimable. L’inspiration pour ce personnage lui vient d’un de ses anciens professeurs de médecine, comme pour Sherlock : le professeur Rutherford.

Cette nouvelle parle d’un monde perdu où des dinosaures vivent encore, et ce livre, avec les romans de Jules Verne, est considéré comme une prémisse de la science-fiction.

Lorsque la Première Guerre Mondiale est déclarée en 1914, Doyle décide de partir sur le front en France, il a 55 ans. On le lui refuse, mais il trouve tout de même un moyen de partir. Il voulait raconter l’histoire des soldats sur le front, ses mémoires et beaucoup de ses livres par la suite donnent une place particulière à l’horreur de la guerre. Il est allé sur le front italien, sur plusieurs fronts français pour rapporter ce qui s’est produit. La guerre lui a beaucoup coûté, son premier fils Kingsley y a perdu la vie.


Après cette période, Doyle se retourna vers le spiritualisme et l’étude de l’occulte. Il se désintéressa de ses nouvelles et reçu les moqueries de la Presse.




Plusieurs années passent, et l’écrivain se retrouve à devoir recommencer à écrire pour gagner de l’argent. Il reprend cette fois les histoires du professeur Challenger en 1926 avec The Land of Mists, où Doyle rajoute beaucoup d’allusions à l’occulte.

En 1929, l’écrivain est diagnostiqué pour une angine de poitrine, qui donne de terribles douleurs pendant le moindre effort physique. Il continue malgré cela des voyages à travers l’Europe. Sa condition n’a de cesse de se dégrader, et ses proches insistèrent pour qu’il reste au lit. Ce n’était pas dans son caractère : il serait même sorti un jour du printemps 1930 pour aller dans le jardin.


Finalement, Doyle mourut le 7 juillet 1930, laissant derrière lui un fabuleux héritage de contes, romans et histoires. Aventurier et passionné par le paranormal, il est assez surprenant que son œuvre considérée la plus réussie de sa vie soit l’histoire réaliste d’un détective asocial.

Les derniers mots de l’écrivain auraient été destinés à sa femme Jean Leckie, trois mots prononcés sur son lit de mort : “You are wonderful”.





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