La lutte extraordinaire des femmes de chambre de l’hôtel Clichy-Batignolles
Aujourd’hui j’ai voulu mettre en lumière le métier de femme de ménage, un métier extrêmement difficile, en présentant un modèle de lutte et de rébellion qu’est le combat de ces femmes qui n’ont jamais rien lâché.
Tout a donc débuté le 17 juillet 2019 pour les vingt femmes de chambre de l’hôtel Clichy-Batignolles à Paris. C’est ce jour-là qu’elles décident communément de faire la grève pour une durée indéterminée et de ne plus accepter leurs infernales conditions de travail.
Ces femmes de ménage commencent alors de longs mois de grève pour réclamer une hausse de leurs salaires, le paiement de leurs heures supplémentaires, la baisse des cadences mais aussi les indemnités des repas et le changement des tenues de travail qu’elles doivent laver elles-mêmes.
En effet, elles déplorent le trop grand nombre de chambres à nettoyer dans la journée qui peut aller jusqu’à 50 au lieu de 20 initialement dans leur contrat de travail, la souffrance physique endurée, la fatigue quotidienne les empêchant d’avoir une vie de famille ou bien le fait de travailler sans avoir le temps de manger ni de boire… De part ce travail répétitif, bon nombre d’entre elles sont malades : elles souffrent par exemple du syndrome du canal carpien, de tendinites ou de fortes douleurs au dos…
Leur patron les menace alors de les licencier ou de les muter pour éviter de trop grosses pertes d’argent.
Cette lutte qu’elles ont menée avec courage durant 21 mois appelait au respect, à la dignité, à la fin des discriminations mais était aussi une lutte féministe en hommage à l’une de leurs collègues s’étant fait violée par l’ancien directeur de l’hôtel, en 2017.
De plus, nous apprenons dans leurs témoignages qu’elles ont dû faire face à des injures de la part des clients : on leur a déjà balancé des seaux d’eau ou des cannettes en leur disant « si vous ne voulez pas de ce travail, rentrez chez vous ».
Pour parvenir à lutter aussi longtemps, ces femmes se sont syndiquées et ont été soutenues par la CGT Hôtel de Prestige Economique (HPE), qui a créé une cagnotte leur permettant de continuer la grève.
Tout le courage, toute l’énergie et la patience de ces militantes ont été récompensés le 21 mai 2021. C’est donc pratiquement deux années après le commencement de leur mouvement qu’elles ont réussi à obtenir un accord avec leur employeur.
Leurs revendications ont finalement été écoutées par le groupe Accor (société dirigeant les hôtels Ibis) et la société de sous-traitance STN.
Elles obtiennent enfin une augmentation de salaire d’environ 250-300 euros, la baisse de leur cadence de travail avec la paie en fonction du nombre d’heures et non plus en fonction du nombre de chambres nettoyées ainsi que le paiement de leurs heures supplémentaires (non comptées auparavant).
Leurs réactions sont très émouvantes : leur salaire a augmenté considérablement (entre 800 et 1000 euros auparavant, bien en dessous du smic équivalant à 1260 euros) et de nouvelles perspectives s’offrent à elles comme partir en voyage avec leurs enfants ou tout simplement profiter de leur temps libre…
Je vous invite à regarder une des vidéos pour mieux comprendre le caractère de cette lutte peu connue !
A bientôt pour une interview sur ce sujet … !
Sources de mes recherches :
Sources des images :
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