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Paolina D.

Lettre ouverte

Les vacances de la Toussaint sont arrivées assez vite. Des vacances un peu particulières pour des raisons sanitaires mais aussi en raison de la remise en route du plan vigipirate en alerte maximale.

Deux attentats ont été perpétrés, le 16 octobre à Conflans et le 29 octobre à Nice.


L’assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire-géo, m’a profondément secouée. J’habite à Verneuil-sur-Seine, à 15 km de Conflans-Ste-Honorine.

Plus qu’un choc, cet attentat m’a sorti d’une réalité faussée. Depuis le confinement de mars, j’avais oublié. La menace terroriste m’était sortie de l’esprit.

Et puis, en arrivant à la mer pour les vacances d’été, je n’ai pas compris. Une fourgonnette de l’armée était stationnée. J’ai naïvement demandé pourquoi ils étaient là.

On m’a répondu que c’était à cause du plan vigipirate.

Ce mot, vigipirate, je ne l’avais pas entendu depuis longtemps. J’avais oublié ce qu’il signifiait. Revoir des militaires armés patrouiller m’a fait bizarre.

J’ai été déconnectée d’une réalité qui faisait partie de mon quotidien.

Après avoir repensé à tous les attentats que nous avions vécu depuis 2015, j’avais réintégré le fait que le monde abritait des personnes intolérantes qui nous empêchaient de vivre notre vie en liberté.


Mais tout ça a pris une autre dimension, quand, vendredi 16 octobre, je suis rentrée chez moi.

Ma mère me demande si j’ai passé une bonne journée. Une bonne soirée s’annonce, c’est les vacances!

Il est 20h. Le journal commence et le présentateur annonce d’une voix grave l’assassinat de Samuel Paty.

Mon esprit ne se connecte d’abord pas. Un assassinat? C’est important pour qu’ils en parlent au 20h. Une réalité d’horreur me saute aux yeux. Cet homme était prof. Il avait une famille, une vie heureuse.

Je me suis rendue compte que pendant ces six derniers mois, j’avais idéalisé le monde, avec une pandémie, qui, je pensais, rendrait les humains meilleurs. Je pensais que la solidarité était de mise. Que l’horreur d’un tel acte ne pouvait être en des temps incertains.

Finalement, je pense que je n’ai pas été la seule à être choquée. J’ai même été déçue. J’avais tellement cru en l’Humain depuis la Covid. J’avais l’espoir d’un monde meilleur, sans intolérance ni fanatisme.

Et puis les attentats de Nice.

Dans une Église. Cet homme a poignardé et égorgé des gens innocents, qui avaient foi en un monde meilleur.

Les mots de Simone, victime, avant de mourir ont été “Dites à mes enfants que je les aime.” Elle en avait deux. Deux enfants qui devront grandir sans mère.


Cet attentat m’a encore plus traumatisée. Il a eu lieu au sein même d’une église, un endroit de paix et de recueillement, de prières et de réflexion.

Ces terroristes ont chamboulé mon esprit, un peu comme lorsqu’on dit “remettre les pendules à l’heure”. Comme si on m’avait rappelé à l’ordre, en me disant qu’il pouvait encore se produire des actes aussi barbares.

J’ai suivi les gestes de bienveillance et de générosité de la communauté musulmane des Mureaux envers la communauté catholique. J’ai été profondément touchée par cette attention. Un symbole de paix, qui je l’espère perdurera.


Aujourd’hui, j’ai 16 ans. Et je ne sais plus quoi penser du monde. Je ne comprends plus de tels actes. Je suis anéantie de voir, encore plus dans cette période difficile, il n’est plus possible de montrer des caricatures. De ne plus pouvoir dire ce que l’on pense. De constater qu’être prof est un métier dangereux.


Je garde espoir d’un monde meilleur. Je continue de penser que nous pouvons changer le monde. Nous avons le devoir de le rendre tolérant, respectueux et inclusif.

Je vous invite à réfléchir à des actions quotidiennes qui permettent d’avancer, petits pas à petits pas vers la lumière.

J’espère que vous prenez bien soin de vous, de votre famille, de vos amis.

Bonne journée…



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