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  • Yasmine A.

Revue sur le roman Kim Jiyoung, née en 1982

Publié en Corée du Sud en 2016 et faisant son apparition dans les librairies françaises en 2020 Kim Jiyoung, née en 1982 est le premier roman de l’ancienne scénariste de télévision Cho Nam Joo. Dans son ouvrage, l’auteur retrace la vie de Jiyoung, de son enfance jusqu’à sa vie adulte. Le style de narration est simple, ce qui fait du roman une lecture relativement rapide et fluide. À la surface, sans s’y intéresser particulièrement, cela peut nous sembler être une simple œuvre retraçant la vie, sans artifice ni péripétie extrême d’une femme née dans les années 80.


Néanmoins, ce qui fait la subtilité et la particularité plutôt perçante du roman, c’est justement cette banalité, Jiyoung étant même le nom le plus donné aux filles coréennes dans les années 80. L’œuvre de Cho Nam Joo décrit à la perfection —du moins, selon moi— les conditions de vie d’une femme née dans une société patriarcale. À travers les six étapes de la vie” de Jiyoung qui sont découpées dans le livre. On observe, dès la petite enfance même, la situation dans laquelle se retrouvent déjà les petites filles, cela passe par la minimisation du harcèlement par les garçons (avec la fameuse phrase “il t'embête parce qu’il est amoureux de toi”) et le mépris des professeurs pour les filles car ils considèrent déjà les garçons comme plus intelligents. Plus Jiyoung grandit, plus elle accumule de nouvelles expériences, certaines, qui vers l’adolescence, s’adonnent à des sujets plus sombres comme le harcèlement de rue ou même au lycée, perpétué par certains professeurs.


Différentes couvertures du roman selon les versions (coréenne, japonaise, taïwanaise, vietnamienne, hongroise, thaïlandaise, chinoise et espagnole) Source : ⓒ MinEumSa



Ce qui m’a marqué tout au long de la lecture, c’est qu’on est très bien capables de comprendre que le cas de Kim Jiyoung n’est pas isolé , ce sont des choses problématiques qui sont arrivées à des millions de femmes et qui continuent d’arriver encore aujourd’hui, malgré cette envie grandissante dans la société de vouloir changer les choses. On peut voir alors à travers le roman et le personnage de Jiyoung l'interprétation, le visage de la condition des femmes qui tentent tant bien que mal de survivre dans une société qui n’est pas conditionnée pour notre réussite. On tente de s’accrocher, de profiter de bons moments (par exemple les premières relations amoureuses de Jiyoung ou son premier travail) avant d'être rapidement rappelées à la réalité.

Tout au long de l’ouvrage, Cho Nam Joo nous donne quelques infographies liés au sexisme en Corée du Sud ce qui peut aider à comprendre plus précisément la situation des femmes coréennes, qui est l’un des pays développés les plus traditionnels. En effet, d’après le Forum économique mondial, le pays se classe au 115e rang sur 149 pays en termes de parité. La société coréenne se base entièrement sur cette idée de “supériorité” du sexe masculin et prône le sacrifice de la carrière de la femme pour se concentrer sur la famille et le foyer.



Le 9 juin 2018, plus de 20 000 femmes se sont réunies à Séoul pour manifester contre l’utilisation de caméras espions dans les lieux publics (transports, écoles, toilettes, restaurants…) à des fins pornographiques

Source: JUNG HAWON/AFP/Getty Images


L’ouvrage ne délivre pas vraiment de morale, en effet —sans spoiler—, l'œuvre ne se termine pas concrètement, elle laisse de la place pour un futur, celui de Kim Jiyoung, que l’on ne connaîtra peut-être jamais, du moins nous pouvons déjà deviner comment celui-ci va se dérouler. Le roman ne sert pas non plus, selon moi d’une “tape sur la main”, le message que l’auteur fait passer se fait en toute subtilité.

Kim Ji Young, née en 1982 est un récit assez émouvant. Il donne un nom, un visage à l’expérience de la femme. Une très bonne lecture, assez courte et plaisante.



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